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L’analyse du Coran à la lumière de la déconstruction de Derrida

La sourate XXII (Al-Ḥajj) comme modèle ([1])

 

 

Mohamed Ali Abdel Jalil

Université d’Aix-Marseille

 

Dans le Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) affirme que le langage contrôlé est un instrument de dissimulation des passions humaines. Comme Jean Starobinski (1920- ) a souligné, la culture, à travers la médiation linguistique, construit continuellement des voiles et des obstacles qui empêchent l’intuition pure de sa propre intériorité et de celle des autres. Le langage, comme il est évident aussi dans l’Émile ou De l’éducation de Rousseau (1762), représente pleinement le pouvoir déformant de la culture. Selon Rousseau, la parole cache les passions originelles de l’homme qui l’avaient produite.[2]

 

Ainsi, une des fonctions du langage est de ne pas transmettre un message, mais de le cacher, ce qui exige, pour révéler le vouloir-dire du texte coranique, de lire entre les lignes, de creuser dans le texte, de le déconstruire, d’éclairer ses coins obscurs, de faire parler ses vides et ses lacunes. Aussi est-il temps d’appliquer sur lui la Déconstruction de Derrida.

 

Il semble que l’un des objectifs de l’exégèse coranique est de compléter le texte (et ainsi font ses traductions), de le raccommoder, de le rafistoler, de combler ses vides et de résoudre ses incohérences et ses contradictions, car la contradiction entre les versets coraniques, ou à l’intérieur d’un même verset, pose un très grand problème de compréhension aussi bien pour un simple lecteur que pour un théologien et chercheur. Ce thème préoccupe énormément les musulmans à tel point qu’il suffit de taper le mot ÊäÇÞõÖ (tanāquḍ, incohérence, contradiction) sur le moteur de recherche Google pour que ce dernier vous propose comme un premier résultat : « ÊäÇÞõÖ ÇáÞÑÂä » (« tanāquḍ al-qurʾān », l’incohérence du Coran). La réfutation des contradictions du Coran a fait couler beaucoup d’encre. À titre d’exemple, le théologien égyptien Muḥammad ʿAmāra a consacré un ouvrage intitulé ÔÈåÇÊ Íæá ÇáÞÑÂä ÇáßÑíã (Shubuhāt ḥawla al-qurʾān al-karīm [Des soupçons autour du noble Coran], Éditions Dār Nahḍat Miṣr, 2009) pour réfuter ces contradictions. Une gigantesque collection d’ouvrages de 24 volumes intitulée ãæÓæÚÉ ÈíÇä ÇáÅÓáÇã. ÇáÑÏ Úáì ÇáÇÝÊÑÇÁÇÊ æÇáÔÈåÇÊ (Mawsūʿat bayān al-ʾislām. Ar-radd ʿalā al-iftirāʾāt wa ash-shubuhāt [l’Encyclopédie de l’explication de l’Islam. La réfutation des diffamations et des soupçons], Éditions Dār Nahḍat Miṣr, 2012) a été écrite par 200 théologiens pour réfuter plus de 1200 shubha dont le plus important est les contradictions dans le Coran.

 

Pour mieux comprendre ces contradictions et connaître ce que cache le texte coranique, il est important de le déconstruire.

 

« La déconstruction n’est pas simplement une philosophie, ni un ensemble de thèses, ni même la question de l’Être, au sens heideggérien. D’une certaine manière, elle n’est rien. Elle ne peut pas être une discipline ou une méthode. »[3]

 

Puisque, selon Jacques Derrida, la déconstruction n’est pas une méthode et n’a ni règles ni procédures qui pourraient servir à élaborer une méthodologie de la déconstruction, j’ai proposé quelques repères pour analyser la sourate 22 (Al-Ḥajj) à la lumière de l’approche déconstructrice derridienne dans le but de mieux comprendre les contradictions, les incohérences et la polysémie du texte coranique. Ces repères sont :

 

Analyser les contradictions et les incohérences du texte. À titre d’exemple, le verset 39 de la sourate Al-Ḥajj ("ÃõÐöäó ááÐíä íÞÇÊáæä ÈÃäåã ÙõáöãæÇ" [« Permission est donnée à ceux qui combattent pour avoir subi l’iniquité »] [traduction de Jacques Berque]) est logiquement incompatible avec le verset précédent 38 ("Åäøó Çááåó íõÏÇÝöÚõ Úä ÇáÐíä ÂãóäæÇ" [« Dieu prend la défense de ceux qui croient »] [traduction de Berque]). Pourquoi « Dieu » autorise-t-il aux croyants de combattre pour se défendre si « Dieu » lui-même s’engage à les défendre ?! Cela peut indiquer que chaque énoncé renvoie à une situation sociopolitique complètement différente de l’autre et répondait à un besoin sociologique spécifique. Ainsi, le verset 38 peut être mecquois et reflète la période de la faiblesse de la communauté musulmane, alors que le verset suivant 39 peut être médinois et reflète la période de la capacité des musulmans à attaquer les autres et à conquérir.

 

Réinterroger les présupposés du texte pour ouvrir de nouvelles perspectives, faire dire au texte tout à fait autre chose que ce qu’il semblait dire, non pas d’une manière aléatoire mais sur la base des critères dont : les règles de la grammaire, l’usage de la langue à l’époque de la rédaction du Coran et les exégèses hétérodoxes. Considérer le texte comme les rêves qui « occultent ou trahissent plutôt qu’ils révèlent »[4], le lire en quelque sorte à contre-jour, à contre-lumière. Par exemple, le verset 5 de la sourate Al-Ḥajj[5] ne parle pas explicitement de la réincarnation ; mais le fait d’évoquer en même temps dans un même verset les étapes de la création de l’Homme et le cycle de la vie (la renaissance cyclique de la nature) pourrait montrer que ce verset fait une forte allusion à la réincarnation, ce que soulignent les exégèses alaouites nusayrites et druzes.

 

Repérer les coins négligés et analyser ce que le texte ne dit pas (les blancs ou les vides), les lacunes. Ces vides contribuent à augmenter et à orienter la polysémie. Par exemple, dans la phrase impérative ("ÇÊøóÜÜÞõæÇ ÑÈøóßã" [« prémunissez-vous envers votre Seigneur »] [traduction de Berque]) (XXII, 1), il y a un vide : on ne sait pas comment les croyants doivent craindre leur Seigneur (qui ?). Pour les courants orthodoxes, le commandement « ittaqū rabbakum » peut signifier entre autres : ne faites pas de mal, ne croyez pas à la Trinité, ne buvez pas d’alcool, faites les cinq prières et le ramadan, etc. Par contre, ce même commandement peut signifier chez les courants hétérodoxes et ésotériques (surtout chez les alaouites nusayrites) : ne faites pas de mal, communiez entre vous avec du vin[6], croyez en la réincarnation, gardez les secrets de la confrérie, etc.

 

De tels vides peuvent indiquer que les détails ne sont pas importants pour les auteurs d’un palimpseste[7] et que le texte est bâti sur la base d’un syncrétisme religieux et scripturaire que l’on a cherché à dissimuler sous une série de lacunes et de répétitions.

 

Le pronom possessif -kum [votre] exprime la possessivité et l’appartenance. Le verset voulait dire aux musulmans qu’ils doivent respecter leur propre « Rabb ». Le mot masculin rabb signifie : maître, chef, patron, possesseur, seigneur. Le verset voulait donc implicitement dire aux croyants qu’ils doivent obligatoirement respecter leurs propres dirigeants (et par la suite l’image de Dieu imposée par leurs chefs) et craindre leur punition. Cela veut dire aussi que le respect d’un autre chef et d’une autre image de la divinité n’est pas obligatoire.

 

Souligner les répétitions, les collages, les copiés-collés[8], les pléonasmes, les verbiages, les phrases insignifiantes et prolixes et les comparaisons vagues qui peuvent montrer que le sens n’est pas prioritaire pour les auteurs ou les compilateurs du Coran. Le texte coranique utilise des expressions tellement génériques qu’elles ne disent rien. Il semble que l’image dans le verset XXII, 31 ("æãóä íõÔúÑößú ÈÇááåö ÝßÃäøóãÇ ÎóÑøó ãöäó ÇáÓãÇÁ ÝÊóÎúØóÝõåõ ÇáØøóíÑõ Ãæ Êóåæöí Èå ÇáÑøöíÍõ Ýí ãßÇäò ÓÍíÞ" [« qui associe à Dieu, c’est comme s’il dégringolait du ciel, et qu’alors un oiseau le happe ou que le vent l’abîme en un lieu perdu »] [traduction de Berque]) n’est qu’une compilation de mots pour faire peur au croyant. La phrase suivante du verset 36 demande aux croyants de manger de leurs animaux une fois abattus ("ÝÅÐÇ æÌÈóÊú ÌäæÈõåÇ ÝßõÜáõæÇ ãäåÇ æÃØÚöãæÇ ÇáÞÇäÚó æÇáãõÜÜÜÚúÜÜÊóÜÜÜÜÑøó. ßÐáßó ÓÎøóÑäÇåÇ áßã áÚáøóßã ÊÔßÑæä" [« une fois affalées sur le côté, mangez-en, donnez-en à manger au suppliant et au quémandeur. – Ainsi mettons-Nous (ces bêtes) à votre disposition, escomptant que vous en aurez gratitude. »] [traduction de Berque]). Une telle phrase prolixe semble comme un cri d’identité. Autre exemple plus clair, c’est le verset XXIV [An-Nūr], 61 qui semble comme une sorte de verbiage[9], comme le souligne à juste titre l’intellectuel libéral, le traducteur et le théologien irakien Ahmed Al-Gubbanchi[10].

 

Changer l’ordre actuel de certains versets équivoques ou de certains mots à l’intérieur des versets pour avoir une certaine logique et pour mieux comprendre le sens. L’anastrophe [at-taqdīm wa at-taʾkhīr] et le désordre dans certains versets peuvent perdre le sens ou obliger le lecteur à forcer le texte pour inventer du sens. Exemple : Il semble que cette phrase du verset 39 de la sourate Al-Ḥajj ("ÃõÐöäó ááÐíä íõÞÇÊáæä ÈÃäåã ÙõáöãõæÇ" [« Permission est donnée à ceux qui combattent pour avoir subi l’iniquité »]) est dans un désordre, et il vaut mieux, semble-t-il, mettre chacun des deux verbes à la place de l’autre pour que la phrase soit logique et compatible avec ses interprétations ; et l’ordre normal de la phrase doit être ainsi : "ÃõÐöäó ááÐíä ÙõáöãæÇ ÈÃäú íÞÇÊöáæÇ" [« Permission est donnée à ceux qui ont subi de l’iniquité pour combattre »]. Un autre exemple sur le désordre qui crée une contradiction ou une ambiguïté dans le texte coranique (ce qui oblige les exégètes à inventer une autre signification pour raccommoder le verset) est les versets 58 et 59 d’Al-Ḥajj :

"(58) æÇáÐíä åÇÌóÑæÇ Ýí ÓÈíá Çááå Ëã ÞõÊöáæÇ Ãæ ãÇÊæÇ áóíóÑÒõÞóäøóåã Çááåõ ÑÒÞÇð ÍóÓäÇð æÅäøó Çááåó áóåõæó ÎíÑõ ÇáÑÇÒÞöíä. (59) [ø] áóÜÜÜíõÏúÎöáóÜÜÜäøóåã ãõÏúÎóáÇð íÑÖæäå". (ÇáÑøöÒÞ ÇáÍóÓóä: åæ ãÇ íÕá Åáì ÕÇÍÈå ãä ÛöÐÇÁ ÈáÇ ßÏø Ýí ØáÈå¡ ßãÇ Ýí ÇáÂíÉ: "æóãöäú ËóãóÑÇÊö ÇáäøóÎíáö æóÇáÃÚäÇÈö ÊóÜÜÜÊøóÎöÐæä ãäåõ ÓóßóÑÇð æÑöÒÞÇð ÍóÓóäÇð" [ÇáäÍá¡ 67])

« (58) Quant à ceux qui ont fait exode sur le chemin de Dieu, et puis encore y furent tués ou sont morts (de mort naturelle), Dieu assurément leur attribuera splendide attribution [litt. : leur donnera des nourritures sans aucun effort]. – Il est par excellence Celui qui attribue [litt. : donne de la nourriture]. (59) [ø] Il les fera entrer l’entrée de contentement » [traduction de Berque].

Comment Dieu donnera un rizq ḥasan [vivres, nourritures, aliments qu’on peut avoir sans peine] aux émigrés qui sont morts ?! Il semble que la place de la phrase (Ëã ÞõÊöáæÇ Ãæ ãÇÊæÇ) doit être au début du verset suivant ( verset 59), comme suit :

"(58) æÇáÐíä åÇÌóÑæÇ Ýí ÓÈíá Çááå áóíóÑÒõÞóäøóåã Çááåõ ÑÒÞÇð ÍóÓäÇð æÅäøó Çááåó áóåõæó ÎíÑõ ÇáÑÇÒÞöíä. (59) Ëã [ÅÐÇ] ÞõÊöáæÇ Ãæ ãÇÊæÇ áóíõÏúÎöáóäøóåã ãõÏúÎóáÇð íÑÖæäå".

Mettre en lumière la nécessité de l’assonance au détriment du sens : Contrairement à ce que disent les grammairiens sur le rôle de ʾinna comme particule d’affirmation, le Coran l’utilise souvent pour des raisons purement stylistiques. Il utilise une même phrase tantôt avec ʾinna tantôt avec kāna, selon le besoin non sémantique mais assonantique et prosodique. Je donne l’exemple suivant : « ʾInna dhālika ʿala-llāhi yasīr » [« [ø] Et c’est pour Dieu bien aisé » [traduction de Berque]] (XXII, 70) et « kāna dhālika ʿala-llāhi yasīrā » (IV [An-Nisāʾ], 169). La clausule du verset 17 d’Al-Ḥajj est un autre exemple qui consolide cette idée : « ʾinna llāha ʿalā kulli shayʾin shahīd » [« [ø] Dieu de toute chose est Témoin » [traduction de Berque]]. Comparons-la avec la même phrase d’un autre verset à assonance accusatif :

"Åäøó Çááåó Úáì ßõáøö ÔíÁò ÔåöíÏñ." (ÇáÓæÑÉ 22 ÇáÍÌ¡ 17)

"Åäøó Çááåó ßÇäó Úáì ßõáøö ÔíÁò ÔåíÏÇð". (ÇáÓæÑÉ 33 ÇáÃÍÒÇÈ¡ 55)

Dans le second verset, le verbe kāna (v. XXXIII, 55) que les exégètes considèrent comme marquant l’éternité (un sens qui se perd à la traduction) n’indique pas le temps en réalité. Il a pour rôle juste d’obtenir une assonance à cas accusatif pour que la fin (l’assonance) de ce verset soit compatible avec l’ensemble de la sourate (ÎÈíÑðÇ [v. 2], ÚáíãÜÜÜÇð [v. 54], ÔåíÏÇð [v. 55], ÊÓáíãÜÜÜÇð [v. 56], ãõåíäÜÜÜðÇ [v. 57], [v. 73], etc.). Ainsi, ʾinna et kāna ont un rôle plus stylistique que sémantique. L’assonance a forcé l’auteur (fictif) ou le compilateur du Coran à utiliser kāna pour avoir un effet musical sur les lecteurs.

Le mot nakīr [châtiment] dans le verset 44 d’Al-Ḥajj voulait dire : nakīrī [Mon châtiment]. Pourquoi le pronom possessif -ī [mon/ma/mes] du mot nakīrī a été supprimé ? Certains musulmans en donnent une signification, c’est pour indiquer la perpétuité[11]. Mais la question qui se pose est pourquoi ce pronom suffixal n’est-il généralement supprimé que du substantif qui vient à la fin du verset ? La seule raison d’élider le déterminant possessif du locuteur (yāʾ al-mutakallim) dans le Coran est, semble-t-il, le respect de l’assonance du verset.

Dans le Coran, le mot nakīrī est toujours utilisé sans -ī dans la clausule « fa-kayfa kāna nakīr » [« comment fut donc dur Mon châtiment »], clausule qui termine les versets : XXII [Al-Ḥajj], 44 ; XXXIV [Sabaʾ], 45 ; XXXV [Fāṭir], 26 ; et LXVII [Al-Mulk], 18.

Dans 11 occurrences dans le Coran, le pronom possessif singulier de l’énonciateur (-ī) a été supprimé des substantifs suivants qui viennent à la fin des versets.

matāb[ī] (mon repentir) (XIII, 30) ;

maʾāb[ī] (mon retour) (XIII, 36) ;

duʿāʾ[ī] (ma prière) (XIV, 40) (par contre, le pronom possessif -ī apparaît dans ce même mot (duʿāʾī) lorsque ce dernier vient au milieu du verset (LXXI, 6)) ;

dīn[ī] (ma religion) (CIX, 6) (alors que ce même mot apparaît au milieu du verset X, 104 avec le pronom -ī ainsi dīnī)[12] ;

ʿibād[ī] (mes serviteurs) (XXXIX, 17)[13] (tandis que ce même mot apparaît 17 fois toujours au milieu des versets avec le pronom -ī (ʿibādī)) ;

ʿadhāb[ī] (mon tourment) (XXXVIII, 8). Cependant, le -ī apparaît toujours dans ce même mot quand ce dernier vient au milieu (ainsi : ʿadhābī), dans les versets : VII, 156 ; XIV, 7 ; XV, 50 ; LIV, 16, 18, 21, 30, 37, 39. Remarquons ici dans les six derniers versets que dans le mot médianʿadhābī le -ī est fixé, mais il est supprimé du mot suivant final (nudhur) qui termine les versets (« fa-kayfa kāna ʿadhābī wa nudhur[ī] » [« combien furent donc durs Mon châtiment et Mes avertissements »].

ʿiqāb[ī] (ma punition) (XIII, 32 ; XXXVIII, 14 ; XL, 5) ;

nudhur[ī] (mes avertissements) (LIV, 16, 18, 21, 30, 37, 39) ;

nadhīr[ī] (mon avertissement) (LXVII, 17) ;

nakīr[ī] (mon châtiment) (XXII, 44 ; XXXIV, 45 ; XXXV, 26 et LXVII, 18) ;

waʿīd[ī] (ma menace) (XIV, 14 ; L, 14, 45).

Analyser les éventuelles « erreurs » d’orthographe ainsi que l’énallage (ÇáÇáÊÝÇÊ) (en tant que défaut stylistique) que les grammairiens (comme Abū ʿUbayda Maʿmar ibn Al-Muthannā [728-824]) ont classifiée sous la rubrique du majāz al-qurʾān [les licences ou les exceptions du Coran] et dont la répétition rend le style faible et souvent ambigu. À propos des éventuelles « erreurs » d’orthographe et à titre d’exemple, le Coran utilise maintes fois l’adjectif ʿaẓīm [grand/terrible] pour décrire le jour [yawm] dernier dans les versets XIX [Maryam], 37 ; XXVI [Ash-Shuʿarāʾ], 135 et 156 ; et XXXIX [Az-Zumar], 13. Seul le verset 55 de la sourate Al-Ḥajj utilise le mot ʿaqīm [stérile] (au lieu de ʿaẓīm) pour décrire le jour dernier. S’agit-il donc d’une erreur d’orthographe ou d’une omission ? D’autant plus que le rasm[14] du Coran sans points diacritiques ne distinguait entre ʿaẓīm (ÚØìã) et ʿaqīm (Úãìã) que par un petit bâton sur la consonne ẓ [la lettre ẓāʾ] de ʿaẓīm.[15] Il est à souligner que seulement trois traducteurs (M. Hamidullah, Z. Abdelaziz et S. Aldeeb) ont rendu littéralement le mot ʿaqīm par son équivalent français : stérile, alors que les autres traducteurs ont rendu ce même mot par un mot du sens proche du mot ʿaẓīm (très rigoureusement, terrible, terrifiant) comme s’ils ont corrigé l’erreur en traduisant le mot ʿaẓīm et non pas ʿaqīm.

Comme exemple sur l’énallage (le changement du pronom ou du temps du verbe) dont regorge le Coran et qu’Abū ʿUbayda considère comme majāz (exception)[16], je cite le verset 5 de la sourate Al-Ḥajj. Au début du verset, la parole est adressée à un groupe (Vous, an-nās) (la deuxième personne du pluriel) et porte sur la première preuve d’al-baʿth [la résurrection] (i.e. la preuve de la naissance de l’être humain), alors qu’à la fin du verset, la parole est adressée à la deuxième personne du singulier (toi) et porte sur une seconde preuve (i.e. la renaissance cyclique de la nature).

Il est à souligner que le traducteur du Coran en français et en anglais Sami Aldeeb (juriste suisse d’origine palestinienne) travaille actuellement sur les « erreurs » du texte coranique et il a publié jusqu’à maintenant environ 200 erreurs linguistiques et stylistiques.[17]

Cependant, il est important d’aborder ces anomalies et exceptions du Coran non pas en tant qu’« erreurs » ou « défauts », mais en tant que « révélatrices » des subtilités et des secrets du texte.

Repérer les expressions et les mots rares (gharīb) (les hapax legomenon) (dont on ne connaît qu’une seule occurrence, comme « abb » [pâturage ?] [sourate ʿAbasa [Renfrogné] LXXX, 31] et « ghislīn » [pus ?] [sourate Al-Ḥāqqa [l’Inéluctable] LXIX, 36]) et voir s’ils n’ont pas été utilisés à l’époque de la rédaction du Coran, ce qui signifierait que c’est le Coran qui les a empruntés, ou inventés, ou les a mis en utilisation pour répondre à un besoin de traduction. Ces hapax peuvent indiquer, entre autres, que le Coran arabe est un texte traduit en sens « descendant » (traduction aval), d’une (des) langue(s) dominante(s) vers une langue dominée ou un idiome vernaculaire (en l’occurrence l’arabe). La traduction en sens « descendant » est une traduction sourcière qui est plus fidèle au texte-source dont il reste des traces (par opposition à la traduction en sens « ascendant », vers l’amont, la traduction cibliste, qui est une traduction depuis une culture dominée vers une culture dominante, où il n’y a pas de trace du texte de départ).[18]

Une lecture déconstructrice des « erreurs » du texte coranique peut indiquer plusieurs choses :

Lors de l’écriture du Coran, le plus important pour les scribes était de bâtir, à la base d’un syncrétisme religieux et scripturaire, un texte sacré qui puisse servir un objectif identitaire précis ("ÞõÑÂäÇð ÚÑÈíÇð" [« un Coran arabe »] [sourate XII [Yousuf], 2] [traduction de Sami Aldeeb]). Ainsi, les détails du contenu du texte n’étaient pas du tout importants. Selon un hadith du Prophète (Musnad Ahmad, n° 16021), tout ce qu’ont dit dans le Coran est juste tant que l’on ne commet pas de contresens ("íÇ ÚõãóÑõ¡ Åäøó ÇáÞÑÂäó ßõáøóåõ ÕóæÇÈñ ãÇ áã íõÌúÚóÜÜÜáú ÚóÐÇÈñ ãóÛÝöÑÉð Ãæ ãóÛúÝöÑÉñ ÚóÐÇÈÇð").[19]

L’objectif des auteurs du Coran était centré sur l’assonance (« sajʿ », prose rimée) à la fin des versets (fāṣila [séparante, coupe, césure, virgule]) pour avoir un appui rythmique qui ne coïncide pas toujours avec la fin de la phrase, afin d’utiliser le Coran (dérivé de qeryana [lectionnaire], selon Christoph Luxenberg) comme un texte psalmodié.

Certaines « erreurs » peuvent souligner l’insuffisance des moyens techniques et intellectuels à l’époque de la rédaction du Coran. L’écriture d’un livre sans aucune erreur était un travail presque impossible en Arabie au Moyen Âge. En plus, les règles de l’orthographe n’étaient pas encore normalisées, ni assez évoluées, comme Ibn Khaldoun (1332-1406) a souligné ("ÝßÇäó ÇáÎØøõ ÇáÚÑÈíøõ áÃæá ÇáÅÓáÇã ÛíúÑó ÈÇáÛò Åáì ÇáÛÇíÉ ãä ÇáÅÍßÇã æÇáÅÊÞÇä æÇáÇÌÇÏÉ" [ÊÇÑíÎ ÇÈä ÎáÏæä¡ Ì1¡ Õ 419]). Le fait que les scribes ignoraient beaucoup de contextes du Coran et les langues des textes-sources augmente les « erreurs ».

Si « l’erreur » (comme celle de « íæã ÚÞíã » [« jour stérile »]) est vraiment voulue, elle indique probablement que la phrase est traduite en arabe à partir d’une autre langue, car cette utilisation n’était pas connue en arabe.

Le fait que les auteurs du Coran utilisent 24 fois le mot féminin « ÚÇÞÈÉ » (enfant, conséquence, suite, fin, punition) en tant que masculin peut se justifier par le fait qu’ils voulaient garder le genre grammatical du mot d’origine (peut-être le mot masculin עקב [éqèv] en hébreu) pour donner une autre dimension sémantique au mot féminin arabe.

Parfois les auteurs du Coran modifiaient la traduction arabe pour servir l’idéologie du conflit. Par exemple, pour dénigrer les opposants juifs, les auteurs du Coran ont modifié la traduction arabe du verset 27 du Deutéronome 5 ("ÊóÞóÏøóãú ÃóäÊó æÇÓãóÚú ßõáøó ãÇ íóÞæáõå ÇáÑøóÈ ÅöáåõäÇ¡ æÃóäÊó ßóáøöãúäÇ Èößõáøö ãÇ íõßóáøöãõßó Èöå ÇáÑøóÈøõ ÅöáåõäÇ¡ ÝäóÓãÚ æäóÚãá ושמענו ועשינו" [« Approche, toi, et écoute tout ce que dira l’Éternel, notre Dieu ; tu nous rapporteras toi-même tout ce que te dira l’Éternel, notre Dieu ; nous l’écouterons, et nous le ferons. »]) pour devenir ainsi dans le verset 93 de la sourate II [Al-Baqara] ("æÅÐú ÃÎóÐúäÇ ãíËÇÞóßã æÑóÝóÚúäÇ ÝæÞóßã ÇáØøõæÑó: "ÎõÐæÇ ãÇ ÂÊíäÇßã ÈÞæøóÉò æÇÓãóÚæÇ!" ÞÇáæÇ: "ÓóãöÚúäÇ æÚóÕóíäÇ"." « En ce temps-là, nous avons pris votre engagement et élevé au-dessus de vous le Mont [Sinaï] : « Prenez avec force ce que nous vous avons donné, et écoutez ! » Ils dirent : « Nous avons écouté et désobéi. » » [traduction Sami Aldeeb]]).

 

Le fait que nous n’avons pas d’œuvre critique faite par les adversaires de Mahomet pour « les erreurs » linguistiques et stylistique du Coran ne signifie pas que le Coran est exempt d’erreurs, mais il nous montre l’étendue de la violence dans l’imposition du texte coranique. L’histoire nous rapporte que le Prophète n’était pas du tout tolérant avec ceux qui dénigraient le Coran (par exemple, il a insisté sur la liquidation d’An-Naḍr ibn Al-Ḥārith).

Certaines « erreurs » ont été utilisées par des théologiens pour souligner le dogme de l’inimitabilité (iʿjāz) ou de l’éloquence du Coran ou pour servir un intérêt sociopolitique. La suppression de l’information de « inna » dans le verset 25 de la sourate Al-Ḥajj ("Åäøó ÇáÐíä ßóÝÑæÇ æíóÕõÏøõæä Úä ÓÈíáö Çááåö æÇáãÓÌÏ ÇáÍÑÇãö ÇáÐí ÌÚáäÇå ááäÇÓö ÓæÇÁ ÇáÚÇßÝ Ýíå æÇáÈÇÏö [ø] æãä íõÑöÏú Ýíå ÈÅáÍÇÏò ÈÙáãò äõÐöÞúå ãä ÚÐÇÈò Ãáíãò." [« Les dénégateurs, ceux qui dressent des obstacles sur le chemin de Dieu, et de l’Oratoire consacré que Nous avons institué pour les hommes, à égalité pour le résidant et l’itinérant [ø]… et quiconque aurait volonté d’injustice et de déviation, Nous lui ferions goûter d’un châtiment douloureux. »] [traduction de Berque]) a été considérée par Sayyid Quṭub comme un style éloquent pour donner l’idée que le châtiment est évident. L’« erreur » de « íæã ÚÞíã » a été utilisée : (1)-pour augmenter la peur des croyants du Jugement dernier et par la suite pour les faire obéir au pouvoir, au sultan considéré comme « l’ombre de Dieu sur terre », ou (2)-pour semer la terreur chez les adversaires en leur rappelant la bataille de Badr, la première bataille victorieuse des musulmans contre leur ennemi.

Les « erreurs » du Coran peuvent indiquer que les musulmans considèrent comme sacré non seulement le sens (qui change) mais aussi l’orthographe (le rasm) du texte (qui est plus stable), comme le souligne Ibn Khaldoun :

"æÇäÙõÜÑú ãÇ æÞóÚó [...] Ýí ÑÓúãöåöãõ ÇáãõÕúÍÝó ÍíËõ ÑÓóãóå ÇáÕÍÇÈÉõ ÈÎØæØåã æßÇäÊ ÛíÑó ãÓÊÍßöãÉò Ýí ÇáÅÌÇÏÉ ÝÎÇáóÝó ÇáßËíÑõ ãä ÑÓæãåã ãÇ ÇÞÊÖóÊúå ÃÞúíöÓÉõ ÑÓæãö ÕäÇÚÉö ÇáÎØ ÚäÏ ÃåáåÇ. Ëã ÇÞÜÊÜÝì ÇáÊÇÈÚæä ãöä ÇáÓáÝ ÑÓúãóåã ÝíåÇ ÊÈÑøõßÇð ÈãÇ ÑÓóãóå ÃÕÍÇÈõ ÇáÑÓæá [...]. æáÇ ÊóÜÜáúÜÜÊóÜÜÜÝöÜÜÜÊóÜÜäøó Ýí Ðáß Åáì ãÇ íÒÚãõå ÈÚÖõ ÇáãÛÝøóÜÜÜÜáíä ãöä Ãäåã ßÇäæÇ ãÍßóãíä áÕäÇÚÉ ÇáÎØ æÃäøó ãÇ íõÜÜÊóÜÜÎíøóÜÜáõ ãä ãÎÇáÝÉ ÎØæØåã áÃÕæá ÇáÑÓã áíÓ ßãÇ íõÜÜÊÎíøóÜÜá Èá áßáøöåÇ æÌåñ. íÞæáæä Ýí ãöËúÜÜáö ÒíÇÏÉ ÇáÃáÝ Ýí "áóÃóÇúÐÈóÜÜÍóÜÜäøóÜÜåõ" [ÓæÑÉ Çáäãá¡ 21] Åäå ÊäÈíåñ Úáì Ãäøó ÇáÐÈÍ áã íóÞÚú¡ æÝí ÒíÇÏÉ ÇáíÇÁ Ýí "ÈöÃóíÜÜÜÜÜíúÜÜÜÏò" [ÇáÐÇÑíÇÊ¡ 47] Åäå ÊäÈíåñ Úáì ßãÇá ÇáÞÏÑÉ ÇáÑÈÇäíÉ¡ æÃãËÇá Ðáß ããÇ áÇ ÃÕáó áå ÅáÇ ÇáÊÍßøõã ÇáãÍÖ. æãÇ Íãóáóåã Úáì Ðáß ÅáøóÇ ÇÚÊÞÇÏõåã Ãäøó Ýí Ðáß ÊäÒíåÇð ááÕÍÇÈÉ Úä Êæåøõãö ÇáäÞÕö Ýí ÞáøóÉ ÅÌÇÏÉ ÇáÎØ. æÍÓöÈæÇ Ãäøó ÇáÎØøó ßãÇáñ ÝäÒøóåæåã Úä äÞÕöå æäÓÈæÇ Åáíåã ÇáßãÇáó ÈÅÌÇÏÊå æØáÈæÇ ÊÚáíáó ãÇ ÎÇáÝó ÇáÅÌÇÏÉó ãöä ÑÓúãöå¡ æÐáß áíÓ ÈÕÍíÍ." (ÊÇÑíÎ ÇÈä ÎáÏæä¡ ÇáÌÒÁ ÇáÃæá¡ Õ 419)

Concernant les « défauts » du passage d’un pronom à un autre dont regorge le Coran et que les théologiens et grammairiens classifient dans la figure de style appelée : l’« iltifāt » (ÇáÇáÊÝÇÊ, énallage)[20], ils peuvent indiquer : (1)-que le texte a été réuni de plusieurs contextes différents, ou (2)-que les auteurs du Coran ne connaissaient pas les référents des pronoms dans les textes-sources. Par exemple, on ne sait pas exactement à qui renvoie le pronom de la première personne du singulier dans le Livre de Psaumes : David, Dieu, le narrateur, l’auteur ?

Certaines « erreurs » peuvent montrer que les scribes ne connaissaient ni les contextes ni les langues des textes qui étaient à l’origine du Coran.

Si l’« erreur » est voulue, il est probable que les auteurs voulaient faire perdre au lecteur le fil conducteur du texte pour cacher une idée en contradiction avec leur croyance. Ils ont ainsi dispersé les versets qui peuvent faire allusion à la réincarnation. À titre d’exemple, voici un contexte plus cohérent qui puisse souligner la réincarnation :

﴿"[...] æáóÆöä ÞõÜÜáúÊó: «Åäøóßã ãóÈÚæËæäó ãöä ÈóÚúÏö ÇáãæÊö» áóíÞõæáóÜÜÜäøó ÇáÐíäó ßóÝóÑæÇ Åäú åÐÇ ÅáÇøó ÓöÍúÑñ ãõÈíä." [åæÏ¡ 7] "íÇ ÃíøõåÇ ÇáäÇÓõ Åäú ßõäÊõã Ýí ÑóíÈò ãöäó ÇáÈóÚËö ÝÅäøóÇ ÎóáÞúäÇßã ãä ÊõÑÇÈò Ëõãøó ãä äõØÝÉò Ëõãøó ãä ÚóáÞÉò Ëõãøó ãä ãõÖúÛÉò ãõÎóáøóÜÜÜÞÉò æÛóíúÑö ãõÎóáøóÜÜÜÞÉò áöÜäõÜÜÜÈóÜÜÜÜíøöäó áßã æäõÜÜÜÞöÑøõ Ýí ÇáÃÑÍÇãö ãÇ äóÔÇÁõ Åáì ÃÌóáò ãõÓóãøìð Ëõãøó äõÎúÑöÌõßã ØöÝáÇð" [ÇáÍÌ¡ 5] – "ÝåÐÇ [åæ] íæãõ ÇáÈÚËö æáßäóøßã [ßõäÊõã] áÇ ÊóÚáóãæä." [ÇáÑæã¡ 65] - "Ëãøó áöÜÊóÜÜÈúÜÜÜáõÛæÇ ÃóÔõÏøóßõã æãöäßã ãóäú íõÜÜÊóÜÜæóÝøóì æãöäßõã ãóäú íõÜÜÜÑóÏøõ Åáì ÃóÑÐóáö ÇáÚõãõÑö áößóíáÇ íóÚúáóãó ãöä ÈóÚúÏö Úöáúãò ÔíÆÇð." [ÇáÍÌ¡ 5] "æÇáãæÊì íóÈÚóËõÜåãõ Çááåõ Ëõãóø Åáíåö íõÑúÌóÚæä." [ÇáÃäÚÇã¡ 36] "ßÐáß" [ÇáÔÚÑÇÁ¡ 59 Ãæ ÇáßåÝ¡ 91 Ãæ ÇáÏÎÇä¡ 28 æ54] "íóÎúÜÜáõÜÜÜÞõÜÜßã Ýí ÈõØæäö ÃõãøóåÇÊößõã ÎóÜÜÜáúÞÇð ãöä ÈóÚúÏö ÎóÜÜÜáúÞò Ýí ÙõáõãÇÊò ËóáÇËò Ðáößõãõ Çááåõ ÑóÈøõßõã áå Çáãõáúßõ áÇ Åáåó ÅáøóÇ åõæó ÝÃäøóì ÊõÕúÑóÝõæä¿" [ßíÝ ÊóÖöÜáøõæä¿] [ÇáÒøõãóÑ¡ 6] "æåæ ÇáÐí ÃÍíÇßã Ëãøó íõãöíÊõÜÜßõã Ëãøó íõÍúÜíöÜÜíßõã. Åäøó ÇáÅäÓÇäó áóßóÝõæÑ." [ÇáÍÌ¡ 66] "ßíúÝó ÊóßúÝõÑæäó ÈöÇááåö æßõäÊõã ÃãæÇÊÇð ÝÃÍíÇßõã Ëãøó íõãöÜÜíÊõÜÜßã Ëãøó íõÍúÜÜíöíßõã Ëãøó Åáíåö ÊõÑúÌóÚæä¿" [ÇáÈÞÑÉ¡ 28] "Ëãøó ÈóÚóÜÜÜËúÜÜÜäÜÜÇßõã [íÈÚËßã] ãöä ÈóÚúÏö ãæÊößõã áÚáøóßã ÊóÔßõÑæä." [ÇáÈÞÑÉ¡ 56] "íÇ ÃíøõåÇ ÇáÅäÓÇäõ ãÇ ÛóÑøóßó ÈöÑóÈøößó ÇáßÑíãö ÇáÐí ÎóáóÜÜÜÞóÜÜÜßó ÝóÓóÜÜæøóÇßó ÝóÚóÜÜÏóáóÜÜßó¿ Ýí Ãíøö ÕæÑÉò ãÇ ÔÇÁó ÑóßøóÈóÜÜßó." [ÇáÇäÝØÇÑ¡ 6¡ 7¡ 8] "Ãáóãú ÊóÑó Ãäøó Çááåó ÃóäÒóáó [íõäÒöáõ] ãöäó ÇáÓøóãÇÁ ãÇÁð ÝóÜÜÊõÜÜÕúÈöÍõ ÇáÃÑÖõ ãõÎúÖóÜÜÑøóÉð Åäøó Çááåó áØíÝñ ÎÈíÑ." [ÇáÍÌ¡ 63] "æÊóÑóì ÇáÃÑÖó åÇãöÏÉð ÝÅÐÇ ÃóäÒóáúäÇ [ÃóäÒóáó] ÚáíåÇ ÇáãÇÁó ÇåÊóÜÜÜÒøóÊú æÑóÈóÊú æÃóäÈóÜÜÊóÜÜÊú ãöä ßõáøö ÒóæúÌò ÈóåíÌ." [ÇáÍÌ¡ 5] "íõÎúÑöÌõ ÇáÍóíøó ãöäó ÇáãíøöÊö æíõÎúÑöÌõ ÇáãíøöÊó ãöäó ÇáÍóíøö æíõÍúíí ÇáÃÑÖó ÈóÚúÏó ãæÊöåÇ æßÐáößó ÊõÎúÑóÌæä." [ÇáÑæã¡ 19] "ãöäúåÇ ÎóÜÜáóÜÜÜÞúÜÜÜäÇßã [ÎóÜáóÜÜÞóÜÜßã] æÝíåÇ äõÚíÏõßã [íõÚíÏßã] æãäúåÇ äõÎúÑöÌõßõã [íõÎÑöÌõßã] ÊÇÑÉð ÃõÎÑì." [Øå¡ 55] "æÇááåõ [ÝÇááåõ] ÃóäÈóÊóßõã ãöäó ÇáÃÑÖö äóÈÇÊðÇ¡ Ëõãøó íõÚíÏõßã ÝíåÇ æíõÎúÑöÌõßã ÅÎÑÇÌÇð" [äæÍ¡ 17 æ18] "Ðáßó ÈÃäøó Çááåó åæ ÇáÍóÞøõ æÃäåõ íõÍúíí ÇáãæÊì æÃäåõ Úáì ßõáøö ÔíÁò ÞÏíÑ." [ÇáÍÌ¡ 6] "æÃäøó ÇáÓÇÚÉó ÂÊíÉñ áÇ ÑóíÈó ÝíåÇ æÃäøó Çááåó íóÈÚËõ ãóä Ýí ÇáÞõÈæÑ." [ÇáÍÌ¡ 7] "ÞÇáæÇ: ÑóÈøóäÇ ÃóãóÜÜÜÊøóÜÜÜÜäÇ ÇËúÜÜÜäóÜÜÜÊóÜÜÜíúäö æÃÍúÜÜíóÜÜÜíúÜÜÊóÜÜÜäÇ ÇËúÜÜÜäóÜÜÜÜÊóÜÜÜÜíúäö ÝÇÚÜÜÊóÜÜÜÑÝúäÇ ÈöÐõäæÈöäÇ Ýåáú Åáì ÎõÑõæÌò ãöä ÓÈíáò¿" [ÛÇÝÑ¡ 11] "ÝáÇ! ÃÞÓãõ ÈÇáÔÝÞ æÇááíáö æãÇ æÓóÞ æÇáÞãÑö ÅÐÇ ÇÊøóÓÞ áóÊÑßÈõÜäøó ØóÈóÞðÇ [ÍÇáÇð] Úä ØóÈóÞ." [ÇáÇäÔÞÇÞ¡ 16 æ17 æ18 æ19 æ20]﴾

Le fait de considérer les « erreurs » du Coran comme signes d’éloquence montre un grand complexe d’infériorité chez les Arabes polythéistes (Gentils), complexe dû aux railleries et aux offenses des Gens du Livre contre les Arabes qui n’avaient pas de livre sacré équivalent à l’identité.

Les lacunes, les suppressions peuvent avoir une signification. Par exemple, contrairement à la Bible (la Genèse 22 : 6-7 et l’Épître aux Hébreux 11 : 17-18)[21], le Coran ne nomme pas le fils « sacrifié » de façon explicite dans la sourate 37 (Aṣ-ṣāffāt [les Rangés], versets 101-107)[22] qui rapporte l’histoire du sacrifice d’Abraham. La suppression du nom d’Isaac du texte arabe semble exprès en vue de préparer le terrain à l’interprétation pour mettre Ismaël le père des Arabes à la place d’Isaac l’un des ancêtres des Juifs. Les musulmans considèrent qu’Ismaël a reconstruit avec son père Abraham la Ka’ba. Ils voulaient ainsi mettre l’islam dans la lignée des autres religions abrahamiques et par la suite lui donner la légitimité d’une véritable religion monothéiste indépendante et non pas une secte.

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[1] Ce texte est une traduction adaptée du texte arabe intitulé : « ÃÎØÇÁ ÇáÞÑÂä ÇááÛæíÉ æÇáÅäÔÇÆíÉ : ÞÑÇÁÉ ÊÝßíßíÉ » [« Les erreurs linguistiques et stylistiques du Coran : une lecture déconstructrice »], avec des ajouts et suppressions. Cette traduction adaptée a été préparée pour participer aux deuxièmes rencontres organisées par la Halqa (l’Association des doctorants travaillant sur les mondes musulmans aux époques moderne et contemporaine) jeudi 5 et vendredi 6 juin 2014 à Aix-en-Provence (MMSH [la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme]). (http://halqa.hypotheses.org/1621).

[2] Potestio, Andrea, « Le désir de parler. La fonction de la langue dans l’idée de l’éducation de J.J. Rousseau », Université de Bergame, http://wwwdata.unibg.it/dati/bacheca/434/60551.pdf.

[3] Jacques Derrida, Entretien inédit enregistré le 30 juin 1992.

[4] Tschumi, Raymond, A la recherche du sens, L’Âge d’Homme, 1987, p. 53.

[5] Le verset 5 de la sourate Al-Ḥajj :

"íÇ ÃíåÇ ÇáäøóÇÓõ Åöäú ßäÊã Ýí ÑóíúÈò ãä ÇáÈÚËö ÝÅäøóÇ ÎóáóÞúäÇßã ãä ÊÑÇÈò Ëã ãä äØÝÉò Ëã ãä ÚáÞÉò Ëã ãä ãÖÛÉò ãõÜÎóÜÜÜáøóÞÉò æÛíÑö ãõÎóáøóÞÉò áäõÈóíøöäó áßã æäõÞöÜÜÑøõ Ýí ÇáÃÑÍÇãö ãÇ äÔÇÁ Åáì ÃÌáò ãÓãøìð Ëã äõÎúÑÌõßã ØÝáÇð Ëã áöÊóÜÜÈúáõÛæÇ ÃÔõÏøóßã æãäßã ãä íõÊóæÝøóì æãäßã ãä íõÑóÏøõ Åáì ÃÑÐáö ÇáÚõãõÑö áßíáÇ íóÜÜÚúÜÜáóãó ãöä ÈóÚúÏö Úöáúãò ÔíÆÇð. æÊóÑì ÇáÃÑÖó åÇãÏÉð ÝÅÐÇ ÃäÒáúäÇ ÚáíåÇ ÇáãÇÁó ÇåÊÒøóÊ æÑóÈóÊú æÃäÈÊóÊ ãä ßõáøö ÒóæÌò ÈåíÌò."

« Humains, vous demeureriez dans le doute quant à la Résurrection ? Eh bien ! nous vous avons créés de poussière, puis d’un peu de liquide, puis d’une adhérence, puis d’une mâchure, soumise à création échelonnée, cela pour vous démontrer (Notre pouvoir). Et Nous fixons dans les matrices ce que bon Nous semble, jusqu’à un terme déterminé, et puis enfin Nous vous faisons sortir enfant, après quoi Nous visons à vous faire atteindre votre force adulte ; et certains parmi vous sont recouvrés (jeunes), et d’autres ramenés au plus débile de l’âge, au point de ne rien connaître après avoir connu. Ainsi vois-tu la terre languir, et quand Nous faisons descendre de l’eau sur elle, s’émouvoir, gonfler, faire pousser un peu de chaque merveilleuse espèce ». [traduction de Berque]

[6] Al-Ḥarīrī, Abū Mūsā [Joseph Azzi], ÇáÚáæíæä ÇáäÕíÑíæä ÈÍË Ýí ÇáÚÞíÏÉ æÇáÊÇÑíÎ [ʾAl-ʿAlawyīūn an-Nuṣayryīūn. Baḥth fī al-ʿaqīda wa at-tārīkh [Les alaouites nusayrites : Traité dans la doctrine et l’histoire]], série : "ÇáÍÞíÞÉ ÇáÕÚÈÉ" [« ʾAl-ḥaqīqa Aṣ-Ṣaʿba » [« La difficile vérité »]], 2ème édition, Beyrouth, 1984. Les alaouites considèrent l’alcool comme licite et recommandé pour la communion. À propos de la licéité du vin, voir pp. 68, 69, 102, 105, 111, 122, 133 [dans la version électronique du livre]. La tradition alaouite rapporte un célèbre et beau poème écrit par Al-Muntajab Al-ʿānī, un éminent poète et théologien alaouite. Ce poème qui commence par Mil yumnatan balwa l-ʿaqīqi wa bānihī (ãöáú íõÜãäóÉð Èáæì ÇáÚÞíÞö æÈÇäåö) met l’accent sur le caractère sacré du vin et souligne l’idée que le taḥrīm [prohibition] est un takrīm [signe de respect et d’honneur] (l’interdit est la conséquence du sacré) :

"- æÃÌáøóÜåÇ ÇáãÎÊÇÑõ Úä íÏö ÌÇåáò / Ãæ ÌÇÍÏò íÕÈæ Åáì ÔíØÇäåö.

- æÃÑÇÏó ÅÊãÇãó ÇáßãÇáö áÔÃäåÇ / ÝÃÊì áåÇ ÇáÊÍÑíãó Ýí ÞÑÂäåö."

De point de vue linguistique, philosophique et ésotérique, l’interdiction du vin [al-khamra] n’est pas un signe d’hommage et de respect au buveur, mais plutôt au vin lui-même que l’on appelle en arabe : bint al-karma [fille de la vigne]. Le substantif karma [vigne] et le nom d’action takrīm [hommage, respect] ont la même racine. Puisque la khamra [le vin] (féminin) est la fille de la karma [vigne], elle est mukarrama [vénérée, respectée], et elle jouit d’un statut de ḥurma [caractère sacré], voir elle est une ḥurma [chose sacrée]. Comme signe de respect, le terme ḥurma désigne aussi l’épouse. La relation avec la khamra [vin] ressemble à la relation avec la femme, relation régie par le respect. C’est pour cela qu’au sujet du vin, les alaouites établissent un lien étroit entre le concept de taḥrīm [interdiction] et celui de takrīm [respect, hommage] en disant : Al-khamra, kurrimat fa-ḥurrimat [Le vin, puisqu’il est respecté, est interdit]. Cependant, le terme khamr (masculin) désigne l’état de l’ivresse qui est dû à l’abus du vin, c.à.d. à l’utilisation abusive et sans respect de la khamra (féminin). Le khamr est donc le sacrilège de la khamra. Le Coran n’a pas du tout condamné la khamra, mais le khamr en le qualifiant de rijs [sacrilège, action illicite, saleté] (verset IV, 90).

[7] Le palimpseste est un manuscrit dont on a fait disparaître l’écriture pour y écrire un autre texte. Claude Gilliot et Christoph Luxenberg soutiennent l’idée que le Coran n’est qu’un ṭirs [un palimpseste] (un manuscrit regratté et réécrit). Le palimpseste de Sanaa le prouve. (http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/05/04/97/PDF/Mel.Endress.pdf).

[8] Voici un avis d’un traducteur du Coran, Sami Aldeeb : « Je jette sur le Coran un regard de lecteur, et je constate avant tout qu’il ne s’agit pas d’un livre, mais d’un brouillon décousu, composé de bribes sans liens entre eux, passant continuellement du coq à l’âne. » (http://www.blog.sami-aldeeb.com/2013/09/17/les-critiques-du-coran-par-sami-aldeeb-sont-ridicules/).

[9] Voici le verset 61 de la sourate XXIV An-Nūr [la Lumière] :

"áíÓ Úáì ÇáÃÚãì ÍÑóÌñ æáÇ Úáì ÇáÃÚÑóÌö ÍÑóÌñ æáÇ Úáì ÇáãÑíÖö ÍÑóÌñ æáÇ Úáì ÃäÝõÓößã Ãäú ÊÃßõáæÇ ãä ÈõíõæÊößã Ãæ ÈõíõæÊö ÂÈÇÆßã Ãæ ÈõíõæÊö ÃãøóåÇÊößã Ãæ ÈõíõæÊö ÅÎúæÇäößã Ãæ ÈõíõæÊö ÃÎóæóÇÊößã Ãæ ÈõíõæÊö ÃÚãÇãößã Ãæ ÈõíõæÊö ÚãøóÇÊößã Ãæ ÈõíõæÊö ÃÎæÇáößã Ãæ ÈõíõæÊö ÎÇáÇÊößã Ãæ ãÇ ãóáóßúÊã ãÝÇÊöÍóå Ãæ ÕÏíÞößã. áíÓ Úáíßã ÌõäÇÍñ Ãäú ÊÃßõáæÇ ÌãíÚÇð Ãæ ÃÔÊÇÊÇð. ÝÅÐÇ ÏóÎóáúÊã ÈõíõæÊÇð ÝÓóáøöãæÇ Úáì ÃäÝõÓößã ÊÍíøóÉð ãäú ÚäÏö Çááåö ãõÈÇÑóßÉð ØíøöÈÉ." (ÇáäæÑ¡ 61) [ÈÍÓÈ ÇáØÈÑí¡ ÝÞÏ ÇÎÊáÝ ÇáÑæÇÉõ Ýí ÃÓÈÇÈ ÇáäÒæá. æÇÎÊáÝ ÇáãÝÓøöÑæä Ýí ÇáãÚäì.]

 « Il n’y a aucune gêne pour l’aveugle, le boiteux, le malade, et pour vous-mêmes de manger dans vos maisons, dans celles de vos pères, de vos mères, de vos frères, de vos sœurs, de vos oncles paternels, de vos tantes paternelles, de vos oncles maternels, de vos tantes maternelles, dans celles dont vous possédez les clefs, ou chez votre ami. Nul grief sur vous, non plus, à manger ensemble, ou en divers [groupes]. Lorsque vous entrez dans des maisons, saluez-vous mutuellement, d’une salutation de la part de Dieu, bénie et bonne. » (XXIV, 61) [traduction de Sami Aldeeb] [Selon Aṭ-Ṭabarī, les ruwāt [pl. de rāwī, les transmetteurs des hadiths] se sont divisés à propos des asbāb an-nuzūl [les causes, les circonstances ou le contexte historique de l’énonciation ou de “la rédaction” du Coran]. Les exégètes se sont aussi divisés à propos du sens.]

[10] Ahmed Hasan Ali Al-Gubbanchi [Al-Qubanji] : un intellectuel libéral et traducteur irakien musulman, né à Najaf en 1958. Il propose un « islam civil » compatible avec les droits de l’homme, la justice et les circonstances modernes. Il pense que l’interprétation littérale du Coran conduit au sous-développement des sociétés musulmanes. Il considère que la charia est modifiable en fonction de la société, de l’époque et du lieu. L’une des preuves est que des versets du Coran ont été modifiés au temps même du prophète (le naskh). Il a également traduit en arabe de nombreux livres du philosophe iranien Abdul Karim Soroush (né en 1945). Al-Gubbanchi critique leʾiʿjāz balāghī [l’inimitabilité rhétorique] du Coran et notamment la faiblesse et le verbiage du verset susmentionné (XXIV, 61) dans une conférence disponible sur les liens : http://www.youtube.com/watch?v=zJ9S2hsQPtw; http://www.youtube.com/watch?v=_x_-uPEBGvo.

[12] Dans un seul cas, le pronom possessif suffixal -ī apparaît dans le mot dīnī à la fin du verset court XXXIX [Az-Zumar] [les Groupes], 14 (Þõáö Çááåó ÃóÚúÈõÏõ ãõÎúáöÕÇð áåõ Ïöíäí Quli llāha ʾaʿbudu mukhliṣan lahū dīnī. [Dis : « C’est Dieu que j’adore, en lui vouant ma religion. »] [traduction Aldeeb]). Ce verset-là ne ferait pas partie, semble-t-il, du corps de la sourate, mais il s’agirait ou bien d’un commentaire du verset précédent 11, ou bien d’une phrase tirée d’un autre contexte et d’un autre discours, ou bien d’un verset incomplet.

[13] Le mot ʿibād[ī] (Mes serviteurs) apparaît exceptionnellement sans -ī au milieu des trois versets XXXIX, 10 et 16 ; et XLIII, 68. Il s’agirait là d’un procédé d’élision proche du vocatif apocopé (tarkhīm al-munādā) ; ou bien il s’agit d’une erreur ou d’une omission. Le grammairien Ibn Yaʿīsh An-Naḥawī (1159-1245), dans Sharḥ al-Mufaṣṣal (un livre qui commente Al-Mufaṣṣal d’Az-Zamakhsharī), souligne que l’élision du pronom possessif du locuteur (-ī) au vocatif est plus courante. Ainsi, selon lui, il est plus éloquent de dire yā ʿibād[i], au lieu de yā ʿibādī.

[14] Le terme rasm (le tracé ou le ductus consonantique) désigne la manière de tracer les signes de l’écriture du Coran.

[15] Antoine Compagnon (Le Démon de la théorie, 1998, p. 86) souligne : « Le parallélisme de deux passages sera pertinent si et seulement s’ils renvoient à une intention cohérente : le mot « solitude » dans Le Spleen de Paris n’éclaire pas nécessairement le mot « solitude » dans Les fleurs du mal ; Baudelaire, qui réclamait le droit de se contredire, a pu changer d’avis entre-temps. » N’ayant pas, semble-t-il, un seul auteur, le Coran avait cependant une seule autorité de compilation (le calife ʿUthmān et le comité de compilation), i.e. une intention cohérente, ce qui pourrait contribuer à normaliser sa terminologie.

[16] Dans l’introduction de son Majāz al-Qurʾān (p. 3), Abū ʿUbayda Maʿmar b. Al-Muthannā (728-824) souligne comme exemple :

"æãöä ãóÌÇÒ ãÇ ÌÇÁÊ ãÎÇØÈÊõå ãÎÇØÈÉó ÇáÔÇåÏ¡ Ëã ÊõÑßÊ æÍõæøöáóÊú ãÎÇØÈÊõå åÐå Åáì ãÎÇØÈÉ ÇáÛÇÆÈ¡ ÞÇá Çááå: "ÍÊì ÅÐÇ ßäÊã Ýí ÇáÝõáß æÌÑóíäó Èåã"¡ Ãíú: "Èßã". [ÇáÓæÑÉ 10 íæäÓ¡ ÇáÂíÉ 22]".

« Et parmi les majāz [les exceptions, les licences] dans le passage soudain de la deuxième personne à la troisième personne [nous citons ce que] Dieu dit : « Lorsque vous êtes sur les felouques, que celles-ci courent avec eux », i.e. « avec vous ». [sourate X Jonas, 22] [traduction de Sami Aldeeb]. »

[18] Bellos, David, Le poisson et le bananier : Une histoire fabuleuse de la traduction, traduit par : Daniel Loayza, Flammarion, 2012, p. 181.

[19] Site web du Mawsūʿat al-ḥadīth [Encyclopédie de la tradition prophétique] : http://library.islamweb.net/hadith/display_hbook.php?bk_no=121&pid=60821&hid=16021.

[20] L’énallage est une figure de style qui consiste à remplacer une forme grammaticale [un pronom, un nom, un temps verbal ou un aspect verbal] par une autre.

[21] Genèse 22 : 6-7 : « Abraham prit le bois pour l’holocauste, le chargea sur son fils Isaac, et porta dans sa main le feu et le couteau. Et ils marchèrent tous deux ensemble. Alors Isaac, parlant à Abraham, son père, dit : Mon père ! Et il répondit : Me voici, mon fils ! Isaac reprit : Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? »

Épître aux Hébreux 11 : 17-18 : « C’est par la foi qu’Abraham mis à l’épreuve, offrit Isaac en sacrifice. Ainsi celui qui avait reçu les promesses, et à qui il avait été dit : "C’est d’Isaac que naîtra ta postérité", offrit ce fils unique… »

[22] La sourate Aṣ-ṣāffāt, les Rangés, versets 101-107 :

"(101) ÝÈÔøóÑäÇå ÈÛõáÇãò [ø] Íáíã. (102) ÝáãøóÇ ÈáóÛó [ø] ãÚå ÇáÓÚíó ÞÇáó: "íÇ ÈõÜÜÜäíøó [ø]! Åäí ÃÑì Ýí ÇáãóäÇã Ãäí ÃÐÈÍßó. ÝÇäÙõÑú ãÇÐÇ ÊóÑì¿" ÞÇáó [ø]: "íÇ ÃÈóÊö! ÇÝúÚáú ãÇ ÊõÜÜÜÄúãÑõ. ÓÊÌÏäí Åä ÔÇÁ Çááåõ ãöä ÇáÕÇÈÑíä". (103) ÝáãøóÇ ÃÓáãÇ æÊóÜÜÜáøóÜÜÜÜÜÜåõ [ø] ááÌÈíä¡ (104) æäÇÏíäÇå Ãäú íÇ ÅÈÑÇåíãõ! (105) ÞÏ ÕóÜÜÜÏøóÞúÜÜÜÊó ÇáÑÄíÇ. ÅäøóÇ ßÐáß äóÌÒí ÇáãõÍÓäíä. (106) Åäøó åÐÇ áåæ ÇáÈáÇÁ ÇáãõÈíä. (107) æÝÏóíäÇåõ [ø] ÈÐöÈÍ ÚÙíã."

« [101] Nous lui annonçâmes un garçon [ø] magnanime. [102] Lorsqu’il [ø] parvint [à l’âge] de s’empresser avec lui, [Abraham] dit : « Ô mon fils [ø] ! Je me vois dans le sommeil en train de t’immoler. Regarde donc ce que tu vois ». Il [ø] dit : « Ô mon père ! Fais ce qu’il t’a été ordonné. Tu me trouveras, si Dieu [le] souhaite, au nombre des endurants ». [103] Puis quand tous deux se furent soumis et qu’il l’[ø]eut jeté sur la tempe, [104] nous l’avons interpellé : « Ô Abraham !  [105] Tu as confirmé la vision. Ainsi rétribuons-nous les bienfaisants ». [106] Ceci est le test manifeste. [107] Nous le [ø] rachetâmes d’une très grande immolation. » [traduction de Sami Aldeeb]

 

 

 

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