Ultimatum

Lorsque ceux qui ont décidé d’agir pour combattre une injustice se heurtent au refus de toute solution négociée du conflit, ils peuvent alors fixer à l’adversaire un dernier délai au-delà duquel les consignes seront données de passer à l’action directe. L’ultimatum, rappelant les raisons et les objectifs du mouvement et constatant l’impossibilité de faire aboutir la négociation, veut affirmer la détermination du mouvement de recourir désormais à l’action directe en mettant en œuvre des moyens de pression et de contrainte. Il convient également de rappeler à l’adversaire que le mouvement n’entend recourir qu’à des actions non-violentes. L’ultimatum peut préciser quelles actions seront organisées si les revendications présentées ne sont pas satisfaites à la date prévue. (Notons que l’envoi d’un ultimatum n’a pas sa raison d’être pour chaque action directe menée dans le cadre d’une campagne. Parfois, il sera préférable de prendre l’adversaire par surprise.)

L’ultimatum vise à faire prendre conscience à l’adversaire de tous les inconvénients qu’il devrait subir s’il persistait dans son refus d’un accord négocié. Cette mise en demeure qui lui est adressée doit être rédigée de telle sorte qu’il puisse se rendre à la table de négociations sans perdre la face, c’est-à-dire sans qu’il s’agisse d’une reddition s’apparentant à une capitulation pure et simple. L’ultimatum doit donc être considéré comme la dernière démarche (le mot vient du latin ultimus, « dernier ») en vue d’un accord négocié. En réalité, il risque d’être le premier acte de l’épreuve de force. Il fait suite en effet à l’échec des moyens de persuasion de l’adversaire. Il est probable que ce dernier refusera de céder devant une menace qu’il considérera probablement comme un « chantage ». Il est donc vraisemblable qu’il rejettera l’ultimatum en affirmant ne pas craindre l’épreuve de force.

L’ultimatum est également un appel à l’opinion publique pour qu’elle prenne davantage conscience des enjeux du conflit et pour l’inviter à exprimer sa solidarité avec la lutte qui s’annonce. Il a donc pour objectif de créer un « fait de presse ». L’ultimatum donne encore quelque temps – il ne saurait être que de quelques jours – aux responsables du mouvement pour intensifier les préparatifs de l’action. Il tient lieu d’un ordre de mobilisation générale pour tous ceux qui sont décidés à agir.