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Ventes d'armes

L’une des conséquences les plus lourdes des politiques de défense des États est la militarisation de la recherche, de l’industrie et de l’économie des sociétés modernes. Tout particulièrement, la production d’armes entraîne le commerce des armes par un processus qui acquiert une logique mécanique dès lors qu’il est laissé à lui-même.

Il importe d’abord de désensabler le débat sur les ventes d’armes de l’impasse où il se trouve inévitablement conduit tant qu’on se complaît à faire s’entrechoquer les contraintes du réalisme économique et politique – qui imposeraient le commerce des armes – avec les exigences de l’idéalisme moral – qui le condamneraient. Cet affrontement vain et stérile repose sur une conception erronée aussi bien de l’éthique que du politique. Ici comme ailleurs, le véritable réalisme est dʼélaborer une politique rejoignant les exigences de l’éthique.

Du strict point de vue de l’analyse des faits, une constatation s’impose : les ventes d’armes constituent un élément d’un système fermé sur lui-même, dont la logique dominante est soumise aux impératifs de la technologie beaucoup plus qu’aux besoins de la défense du pays exportateur. Leur nécessité est le plus souvent dictée aux pouvoirs publics par le complexe militaro-industriel qui a acquis dans les sociétés modernes une large autonomie.

La course aux armements – dont les ventes d’armes sont un élément constitutif – s’alimente elle-même en fonction de ses propres besoins. Elle se développe par elle-même et pour elle-même. La technologie commande la fabrication d’armes que l’on voudra rentabiliser par des exportations à l’étranger. C’est ainsi que la logique commerciale finit par supplanter les considérations d’ordre politique, diplomatique et stratégique.

L’un des arguments majeurs invoqué pour justifier les ventes d’armes est de prétendre qu’elles permettent d’acquérir un outil indispensable à la défense autonome du pays exportateur. Celui-ci pourrait équiper au moindre coût ses propres armées par l’allongement des séries industrielles qui permet l’amortissement des investissements. Ainsi, le commerce des armes auquel se livrent les sociétés modernes serait une exigence de leur propre défense. Dès lors, mettre en cause la nécessité de celui-là reviendrait à contester la légitimité de celle-ci.

En réalité, la rentabilité économique du commerce des armes est loin d’être aussi sûre quʼon le prétend généralement. Ainsi, de nombreuses ventes d’armes à des pays en voie de développement insolvables sont financées par des prêts qui leur sont consentis par le gouvernement du pays exportateur. Par ailleurs, de nombreux pays-clients, qui sont déjà gravement endettés, exigent la pratique du troc : armements contre matières premières. Le plus souvent, un tel arrangement est défavorable au pays exportateur car les prix des matières premières sont largement surévalués. Au mieux, les contrats reposant sur de tels trocs débouchent sur des opérations blanches qui n’ont aucune incidence bénéfique sur la balance commerciale. En outre, lorsque cela leur est possible, les États-clients imposent souvent des compensations industrielles : ils achètent des armes au pays qui veut bien acheter des équipements de leur propre fabrication. De telles conditions peuvent réduire considérablement l’avantage financier qui résulte des transferts d’armement.

Un autre argument avancé est que les exportations d’armement permettent aux États-clients d’assurer leur propre sécurité. Ces ventes, fait-on valoir, s’inscrivent dans le cadre fixé par la Charte des Nations Unies qui reconnaît, en son article 51, le droit de légitime défense de tout État. Ainsi, le commerce des armes serait un élément de la politique étrangère du pays exportateur. Mais ce procédé de légitimation repose sur le postulat selon lequel les conflits politiques qui surgissent entre les peuples, les nations et les États ne peuvent être maîtrisés et résolus que par le recours aux armes de la violence. En réalité, l’efficacité la plus réelle des ventes d’armes est de provoquer l’accélération des courses régionales aux armements et, par ce fait même, d’encourager, de privilégier et de favoriser la recherche des solutions violentes des conflits. En définitive, vendre des armes, c’est exporter de la violence, c’est favoriser davantage la guerre que la paix.

En outre, il existe un commerce privé des armements organisé par des « marchands de canons » sans aucun scrupule. Un tel commerce donne lieu notamment à une prolifération et à une dissémination des armes légères sur le marché mondial dont les conséquences peuvent être extrêmement néfastes dans de nombreuses régions du monde. Force est de reconnaître que ce commerce illégal des armes est le plus souvent toléré par les États qui ne se sont pas donné jusqu’à présent les moyens d’y mettre fin. Il importe que la communauté internationale puisse identifier et sanctionner les courtiers en armements qui se livrent à un trafic illicite. Il est nécessaire d’exercer un contrôle préventif sur les opérations de courtage.

Les armes ne sont pas un produit économique comme les autres qui pourrait être commercialisé selon les lois du marché. Les armes ne sont pas de simples marchandises : elles ne sont pas des biens de consommation, mais des « biens de destruction ». Les États démocratiques doivent exercer un contrôle des plus stricts sur leurs exportations d’armement. Tout particulièrement, ils ne devraient accepter aucune vente à des États ne respectant pas les droits de l’être humain et contrevenant au droit international.

Plutôt que de vendre des armes, il serait plus utile pour la paix que les États exportateurs se concertent pour mener une action diplomatique d’envergure visant à ouvrir la voie dʼune véritable négociation entre les belligérants. Le réalisme politique le plus attentif aux événements ne devrait-il pas conduire à mettre de plus en plus en doute les capacités des armes de la violence destructrice et meurtrière à apporter une solution politique aux inévitables conflits qui opposent ici et là les hommes et les peuples ? Vendre des armes, c’est injecter un peu plus de violence dans les interstices de la société internationale qui en regorge déjà de partout. Point n’est besoin d’agiter le spectre d’une guerre nucléaire pour reconnaître que les armes de la violence offrent davantage aux hommes la possibilité de se détruire que celle de se défendre. Ce doit être un impératif catégorique de la diplomatie de tout État soucieux de promouvoir un ordre international fondé sur la justice et sur la paix de tout faire pour éviter que les conflits dégénèrent en violence.

La question centrale posée par les ventes d’armes – et elle est éminemment politique – est de savoir s’il existe des méthodes alternatives aux armes de la violence pour résoudre les conflits. Cette question concerne à la fois la politique de défense du pays qui vend des armes et celle du pays qui en achète. Face aux impasses auxquelles la course aux armements risque de conduire tous les peuples, il est raisonnable de penser que la réponse à cette question doit être recherchée dans l’expérimentation des stratégies de l’action non-violente. L’urgence est donc d’investir dans cette recherche.

 

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