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La
sourate de l’ « autre »
ou
la tranchée de la milice
Nazih Abou-Afash « Je
suis l’autre, vous êtes les autres. Vous
m’appelez frère Et
je vous appelle mes frères ! » Jamais,
jamais Je
n’ai été le frère, l’ami ou le compagnon de vie. Jamais,
jamais Tu
n’as été mon frère, mon ami ou mon compagnon de vie. Tous
deux nous sommes « autres » ; Tous
deux, rien qu’un « autre » ! * J’ai tes yeux et ton cœur, J’ai
ta bouche, tes poumons et la douleur de ton regret, Ton
frémissement d’effroi Et
le cri de ton âme devant la beauté. Mais,
soudain, Sous
l’écorce de la fraternité universelle Des
races de coqs, de crocodiles et de lapins, Se
révèle la soif de l’acier, la perversion du sang Et
la voracité des milices des enfants du Seigneur À
monopoliser l’affiliation au « Club nudiste » céleste : Se
révèle l’image de l’« autre », Devenu
impie dans l’aveuglement du cœur de l’« autre ». (Se
révèle le couteau !) Se
révèle que Nous
sommes chacun l’autre de l’autre, Nous
sommes tous deux Caen Et
tous deux nous sommes son sacrifice. …
… … … Alors, Ne
blâme pas la faiblesse, La
peur, La
perplexité du paria. Ne
blâme pas la main tremblante du lâche, Le
désir du fugitif De
s’octroyer une tranchée, Un
repaire Ou
le grenier d’une maison Mais… Blâme
plutôt ton arme qui s’apprête à tirer sous le tumulte de la noce. Blâme
l’arme de ton frère (ton frère l’« autre » !) Qui
guette derrière les fortifications de l’« ennemi » Blâme
la haine masquée par la tolérance de ses messagers aveugles. Blâme
la force de la certitude de l’« autre » Qui
ne voit en l’« autre » Que
son égarement. Blâme
la tranchée que nous avons creusée ensemble. (Toi
l’autre et moi l’autre de l’autre.) Nous
l’avons creusée ensemble… Et
nous y voilà à ces deux rives ennemies –
Voilés par nos doctrines et nos haines, Voilés
par le mensonge de la fraternité animale – À
plat ventre, chacun derrière son monticule de terre ou de doctrine : L’œil
sur le but Et
le doigt sur la détente Le
cœur tremblant ! …
… … … :
Nous sommes la brebis du loup. …
… … … Moi
l’« autre » Et
toi l’« autre de l’autre » :
Tous deux nous possédons la vérité mais
aucun n’est en possession du Vrai :
Ainsi, le mal se perpétuera ! …
… … … Moi
l’« autre » Et
toi l’« autre de l’autre » :
Tous deux nous possédons la vérité mais
aucun n’est en possession du Vrai :
Eh oui, le mal se perpétuera ! * Ne
souris pas Je
t’en conjure, ne souris pas Car
derrière cette rose Je
sens l’odeur d’une mort. ***
*** *** le
05/11/2001 Traduction
de l’arabe : Akram Antaki |
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