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Pacifisme

Les mots « pacifisme » et « pacifiste » ont dans notre langue et dans notre culture une connotation essentiellement péjorative. Le pacifiste est réputé vouloir la paix « à tout prix », fut-ce au prix de la justice. Il est soupçonné de préférer n’importe quelle paix à n’importe quelle guerre et, donc, d’être prêt à se soumettre à l’oppression plutôt qu’à se battre pour la liberté. L’idéologie dominante, qui honore la guerre et célèbre les vertus militaires, jette donc l’anathème sur les pacifistes en les accusant d’être traîtres et parjures. Et, dans la plus grande confusion, ceux-là mêmes qui choisissent la non-violence se voient reprocher d’être « pacifistes ».

Au demeurant, il est vrai que la paix peut être honteuse et que le refus de la guerre peut être lâche. En refusant absolument la guerre, la logique du pacifisme le conduit à faire de « la paix » un absolu, et même le premier des absolus. Or, si la paix est considérée comme l’absence de la guerre, ce n’est pas la paix qui est le plus important, mais la justice qui permet la liberté et la dignité. Aussi, s’il n’y avait le choix qu’entre la paix dans l’injustice et la guerre pour la justice, alors mieux vaudrait-il choisir la guerre.

La thèse centrale du pacifisme peut se résumer ainsi : la guerre est le mal absolu parce que les maux qu’elle engendre sont nécessairement plus grands que ceux auxquels elle prétend remédier. Et il est vrai que les moyens de la guerre, c’est-à-dire ceux de la violence destructrice et meurtrière, sont par eux-mêmes en contradiction avec la fin qu’elle prétend poursuivre : la coexistence pacifique des hommes et des peuples. La vérité de l’intuition pacifiste est de proclamer l’inhumanité de la guerre et de récuser toutes les idéologies qui la sacralisent. Mais l’erreur du pacifisme est de dénoncer « les horreurs de la guerre » sans proposer des moyens réalistes pour mettre un terme aux « horreurs de la paix ». Or, il ne suffit pas de condamner la guerre en évoquant ses cruautés pour construire une paix qui garantisse les droits de l’homme. « Quelle connerie la guerre ! », mais aussi « Quelle connerie l’oppression ! » et « Quelle connerie l’agression ! ». Et, donc, « Quelle connerie la paix qui couvre l’oppression et permet l’agression ! ».

Le pacifisme est une attitude moraliste. Il condamne la guerre, toute guerre et toutes les guerres, parce qu’elles seraient purement immorales. En présentant d’emblée la guerre comme le mal absolu, le discours pacifiste s’interdit de connaître et de comprendre le processus historique complexe qui rend la guerre possible. Le pacifisme n’a pas compris que la guerre ne mérite pas seulement une condamnation, mais qu’elle exige une alternative. La guerre est une méthode d’action, et sa finalité est juste lorsqu’elle vise effectivement à protéger ou à rétablir le droit des opprimés. La méthode est sûrement détestable, mais l’action n’en demeure pas moins nécessaire. Si la condamnation de la méthode entraîne l’inaction, c’est que, quelque part, il y a un vice dans la démarche. Le pacifisme procède, en réalité, d’une vision idéaliste de l’histoire. Le discours pacifiste est tenu en un lieu a-historique d’où sont absentes les contraintes de l’action. Le pacifisme fait appel à des vertus en un temps où seule la force conditionne les rapports entre les hommes. Sa démarche reste donc inopérante. Ce qui caractérise le politique, c’est précisément qu’il est régi par la force et non point par le droit. Le discours pacifiste, qu’il soit juridique ou spiritualiste, commet une erreur décisive lorsqu’il stigmatise le conflit sous prétexte de faire l’apologie du droit, de la confiance, de la fraternité, de la réconciliation et de l’amour. Là encore, il quitte l’histoire pour fuir dans l’utopie.

Le pacifisme se discrédite également quand il laisse croire que les armées et les armements sont les causes des guerres et qu’il présente leur suppression comme la condition nécessaire et suffisante de la paix. Pour promouvoir une politique de désarmement, il importe de concevoir des « équivalents fonctionnels de la guerre » qui offrent aux peuples les moyens de résister contre l’oppression et aux nations ceux de se défendre contre une agression. Ce sont ces moyens que veut proposer la stratégie de l’action non-violente. L’action non-violente – dans la mesure même où elle est une action – permet une approche cohérente des problèmes politiques de la paix et de la guerre et échappe ainsi aux insuffisances et aux contradictions du pacifisme.

Précisément parce qu’il est perçu de manière négative par l’opinion publique, le mot « pacifisme » est souvent utilisé par les discours dominants pour désigner – pour dénigrer – les mouvements de paix qui s’opposent à tel ou tel aspect de la politique militaire des États. L’un des plus sûrs moyens, en effet, de discréditer un mouvement est de le disqualifier en le nommant. Or, le plus souvent, cette appellation, qui veut être une accusation, concerne des mouvements qui développent des analyses et choisissent des objectifs qui diffèrent fondamentalement de ceux du « pacifisme » en voulant combattre l’injustice et construire la paix par d’autres moyens que la violence.

Antimilitarisme

Guerre

Désarmement

Paix

Transarmement  

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