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Prison

La société a le droit et le devoir d’exercer à l’encontre des individus qui troublent gravement l’ordre public une contrainte légale – littéralement une « contrainte par corps » – qui neutralise leur capacité de nuisance sociale et les mette réellement « hors d’état de nuire ». La sanction pénale qui prive le délinquant de sa liberté en le détenant en prison a pour finalité la prévention de nouveaux délits, d’une part, en empêchant la récidive du délinquant et, d’autre part, en dissuadant les délinquants potentiels de passer à l’acte.

Le but de la sanction, notamment la détention lorsque celle-ci s’avère nécessaire, doit être la réinsertion du délinquant dans la société, c’est-à-dire sa re-socialisation. Or, généralement, tout concourt à faire de la prison un lieu d’exclusion sociale, c’est-à-dire de dé-socialisation. Les conditions de détention en prison ont de multiples effets pervers sur la personnalité du prisonnier. La prison reste un châtiment corporel qui porte atteinte à la dignité. En lui interdisant toute véritable communication avec autrui et en le privant de toute responsabilité, on lui impose des comportements de régression qui tendent à désintégrer sa personne. La prison est une structure inhumaine qui déshumanise le détenu. Lorsqu’il sera remis en liberté, il aura le plus grand mal à retrouver sa place dans la société. C’est un fait dûment prouvé par toutes les enquêtes et vérifié par toutes les statistiques : la prison est une école de récidive. En outre, le plus souvent, la sanction carcérale n’a pas sur le délinquant l’effet dissuasif recherché. Au demeurant, il est assez naturel que la prison impressionne surtout ceux qui ne sont nullement tentés par la délinquance. Dès lors, s’il est incontestable que l’incarcération des « petits délinquants » augmente les probabilités de récidive, pourquoi donc les tribunaux continuent-ils à les envoyer en prison ? Certes, ils appliquent la loi, mais ne sont-ils pas libres de leur jurisprudence ? Tout se passe, en réalité, comme si les juges eux-mêmes étaient prisonniers de l’idéologie carcérale et redoutaient les accusations de « laxisme » que l’opinion publique est prête à brandir à leur encontre.

Devant l’échec manifeste de la répression carcérale de la délinquance, la société est mise au défi de mettre en œuvre son traitement social. La détention ne doit être que le dernier recours lorsqu’il est nécessaire de neutraliser les « grands délinquants » dont la dangerosité publique est avérée. Pour les autres – et ils sont les plus nombreux – il est certainement possible d’éviter l’engrenage du système pénal par la « diversion judiciaire ». Il s’agit non seulement d’éviter la prison, mais également le tribunal par la suspension de l’action pénale. Il revient alors à des « médiateurs » de tenter de concilier les auteurs du délit avec ceux qui en ont été les victimes. Ainsi, pour les infractions contre les biens (les vols ou les détériorations), l’objectif à atteindre est leur restitution ou leur réparation et un dédommagement pour les préjudices subis. Si la médiation échoue, l’action pénale devient nécessaire, mais, dans le plus grand nombre des cas, des peines non privatives de liberté – comme l’obligation de réaliser des travaux d’intérêt public – permettent encore d’éviter l’incarcération.

Pour ceux dont la détention s’avère nécessaire, le but recherché doit rester la réhabilitation sociale. Il convient de renoncer aux grandes prisons de plusieurs centaines de détenus. Le seul critère retenu pour organiser de telles centrales est l’efficacité de la surveillance et le seul but recherché est d’éviter l’évasion. Dans ces conditions, toute la vie du détenu est soumise à la logique de la répression et rien ne prépare sa réinsertion. Mieux vaudrait s’orienter vers la réalisation de petites unités qui permettraient d’accompagner les mesures de sûreté par des mesures de sociothérapie. Mais un tel programme implique que les citoyens ne démissionnent pas de leur responsabilité en demandant à l’État de faire disparaître les délinquants derrière des murs les plus hauts possibles, et qu’ils acceptent de prendre en charge leur réinsertion.

Durant tout le temps de son emprisonnement, le détenu reste un citoyen. Ses droits de citoyen doivent être respectés, y compris son droit à la vie privée. La sanction qu’il doit subir est la détention et seulement la détention. La seule interdiction qui lui est faite est d’aller et venir librement. Pour le reste, au lieu que tout lui soit interdit sauf exceptions, tout doit lui être permis sauf exceptions.

Le citoyen qui s’engage dans la désobéissance civile prend délibérément le risque d’être condamné à une peine de prison. Ce risque n’est évidemment pas de même nature lorsque cette action de résistance a lieu dans une société démocratique ou une société totalitaire, compte tenu de tous les degrés qui existent entre l’une et l’autre. Dans une société totalitaire, les dissidents prennent un risque considérable. Celui-ci doit être apprécié avec la plus grande rigueur et la plus grande prudence selon l’enjeu de l’action envisagée. L’histoire des luttes pour les droits de l’homme offre de multiples exemples de femmes et d’hommes qui ont eu le formidable courage d’affronter la prison dans les conditions les plus dures. Souvent, leur incarcération a constitué une contribution décisive au mouvement de résistance contre l’oppression. Dans une société démocratique, l’emprisonnement des militants peut être l’occasion de donner à leur lutte une extraordinaire résonance dans l’opinion publique. Lorsqu’une large minorité de citoyen(ne)s est prête à aller en prison, en agissant pour une cause juste par des moyens justes, le peuple devient plus fort que le gouvernement.

 

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