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 Mille ans d’histoire

Histoire de la Syrie (Bilād al-Chām)

de la conquête grecque à la conquête arabo-musulmane

(333 av. J.-C. – 635 apr. J.-C.)

 

Samir Anhoury

 

Chapitre II

Syrie : l’Hellénisme

Avant la conquête grecque, l’histoire de la Syrie fut une longue suite de révoltes contre ses maîtres successifs et un continuel champ de batailles et de rivalités entre les deux grands empires de l’époque – celui d’Égypte et celui des Assyriens –, puis des Perses en Mésopotamie, qui avaient succédé aux États mèdes et chaldéens.

La lutte commença en 720 av. J.-C. Elle continua aussi longtemps qu’un empire de l’est étendra sa domination sur la Mésopotamie et sur l’Aram, avec l’ambition de ranger sous sa loi les populations de la vallée du Nil. En retour, les Pharaons traiteront en ennemi tout monarque dont l’autorité sera reconnue en Syrie. Ils pousseront les Cananéens et les Phéniciens à la révolte. D’ailleurs, les pillages et les humiliations de toutes sortes, infligées par les troupes assyriennes, entretiendront chez les vaincus la haine des conquérants de l’Est.

Cette longue période de révoltes et de répressions avait appauvri la Syrie. Des cités jadis renommées, comme Kadesh (près de l’actuelle Homs), où déjà Ramsès II livra une dure bataille aux Hittites (v. 1299 av. J.-C.), avaient disparu, tandis que l’activité d’autres cités, comme Gargamish (Djerablous) diminuait ; Hamath et Damas, qui avaient joué des rôles politiques de premier plan, étaient réduites à la misère et à l’impuissance.

Le Sud était aussi désolé que le Nord. Moab, Ammon et les principautés philistines n’existaient plus que de nom. Quant au royaume de Samarie, il avait disparu. Seules Jérusalem, Tyr et Sidon conservaient un peu de leur prestige.

La Syrie s’habitua aux remous politiques. Les révolutions qui bouleversaient l’Orient n’offraient pour elle qu’un médiocre intérêt. Elle avait compris que l’indépendance était une impossibilité tant que de puissants empires régneraient sur l’Asie antérieure. Dès lors, l’étiquette de son dominateur lui importait peu, pourvu que les taxes dont les villes étaient frappées ne fussent pas trop lourdes.

Tantôt soumise, tantôt rebelle, la Syrie suivit avec plus ou moins de résignation les volontés de ses gouverneurs respectifs. Le peuple se détacha de plus en plus de ces empires qui le pressuraient et ne faisaient rien pour lui ; il réalisait que, quel que fut son maître du moment, sa situation ne pouvait guère s’améliorer. Il assista, détaché et indifférent, à ces démêlés et luttes de pouvoir, dont le Grand Roi et le Pharaon, les chefs Grecs et les Satrapes (gouverneurs chez les Perses), tenaient les premiers rôles.

L’empire perse s’affaiblissait, mais un suprême effort en 342 av. J.-C. rétablit l’empire perse dans son intégrité. Ce fut les victoires d’Artaxerxés III Okhos, d’abord sur l’Asie Mineure, Chypre et la Phénicie, coalisés contre lui avec Ténès, roi de Sidon, pour chef, puis contre l’Égypte. Dix ans plus tard, il ne restait rien de cette grandeur. Darius Codoman était battu par Alexandre dans la plaine d’Issus (333 av. J.-C.) et la Syrie devenait une province macédonienne.

En 336 av. J.-C., Philippe de Macédoine fut assassiné et son fils Alexandre (l’« Iskandar » de l’Orient), âgé de 20 ans, lui succéda.

Les cités grecques lui obéirent et il entreprit la conquête de l’Orient, créant le plus grand empire alors connu. De –334 à –323 – onze années de conquêtes, de gloire et de sang, onze années qui changèrent la face du monde –, Alexandre, précurseur d’une « mondialisation », réconciliant l’Occident avec l’Orient.

La guerre contre le Grand Roi avait commencé. Cette marche victorieuse ne devait prendre fin que dix ans plus tard. Les phalanges (formations militaires de combat) grecques iraient des monts de Phrygie (région occidentale d’Asie Mineure) au désert de Libye, franchiraient l’Euphrate et le Tigre, escaladeraient les monts Zagros (Perse), passeraient les Portes Caspiennes, parcourraient la Drangiane (est de l’Iran), la Bactriane (Afghanistan) et la Sogdiane (Ouzbékistan), en traversant l’Oxus (fleuve Amou-Daria), pousseraient encore vers l’est et gagneraient la rive gauche de l’Indus, pour revenir enfin vers Suze et Babylone, après avoir surmonté des difficultés inouïes à longer le rivage de la mer Erythrée (mer d’Oman). À leur passage, l’empire perse s’écroulerait et sur ses ruines s’élèverait un état greco-macédonien dont la puissance serait éphémère mais les conséquences incalculables ; car Alexandre, apôtre de l’hellénisme, laisserait dans tout l’Orient des germes de civilisation nouvelle et des dizaines de nouvelles villes fondées et nommées « Alexandrie », dont la plus prestigieuse fut Alexandrie, capitale de l’Égypte hellénisée des Ptolémées.

Sa mort allait donner libre cours à l’ambition de ses lieutenants. Guerres et ententes allaient se succéder pendant près d’un demi-siècle. Cette crise passée, la Syrie serait aux mains des Séleucides. Ils apporteraient l’hellénisme là où il n’avait pas encore pénétré et s’efforceraient ainsi de forger l’unité morale de leurs états. Par la suite, les disputes et rivalités dynastiques affaibliront le pouvoir, le pays sera morcelé en principautés, jusqu’au jour où Rome imposera sa volonté sous Pompée en 63 av. J.-C.

La Syrie assista à ce bouleversement de l’Orient sans réagir. Le maître changeait, peu lui importait. Il était inutile de s’opposer à un conquérant qui paraissait invincible. Seule la Phénicie prit parti pour le Grand Roi. Ce fut un mauvais choix.

À l’automne de –333, après la défaite de Darius à Issus (en Cilicie, nord de la Syrie), afin d’enlever aux vaincus la possibilité de prendre une revanche sur mer, l’armée macédonienne, de 40 000 hommes environ, au lieu de poursuivre son adversaire en direction de Babylone, marcha vers les ports de Phénicie. Arvad et ses « filles », Byblos, Sidon et Béryte, se rendirent sans combat. Tyr, qui voulait suivre cet exemple, se révolta pourtant quand Alexandre voulut entrer dans la ville et sacrifier dans le temple de Melquart (Dieu de Tyr). Cet acte religieux aurait en effet légitimé sa mainmise sur la cité. La lutte commença en janvier –332, et Tyr se barricada dans son île. Alexandre fit alors appel aux flottes des villes conquises. Leurs vaisseaux, au nombre de 225 environ, vinrent d’Arvad, de Byblos et de Sidon, de Cilicie, de Rhodes et de Chypre. Les assiégés, après une magnifique résistance, succombèrent à l’assaut en août –332, et des milliers d’habitants périrent massacrés dans le dernier combat.

Entre-temps, une colonne grecque avait visité la Cœlé-Syrie (plaine de la Béka‘ ou « Syrie creuse » des anciens) et poussé jusqu’à Damas, où elle s’était approprié les bagages de Darius.

Rassuré sur l’Occident, Alexandre poursuivit sa marche vers l’Égypte, assiégea et prit Gaza en octobre. Le Grand Prêtre des Juifs de Jérusalem lui fit allégeance. Après un hiver passé en Égypte (octobre 332 – mars 331), où il fut accueilli en libérateur de l’occupation perse, il fonda la célèbre ville qui porte encore son nom, Alexandrie, célébra dans le désert de Siouah les rites du Roi des dieux égyptiens, Amon-Ré, dont il se prétendit le représentant, et endossa immédiatement les attributs pharaoniques, dont les cornes de la déesse Hathor (d’où son nom arabe zou al-qarnaïn, roi d’Orient et d’Occident), puis retraversa l’isthme, gagna Damas et Hamath, conquit la Syrie et fit route vers l’Orient, franchissant l’Euphrate puis le Tigre, se dirigea en Assyrie vers Gaugamèles et Arbèles (Erbil au nord de l’Iraq), où il obtint deux victoires décisives, en octobre –331, sur le roi Darius III.

Alexandre le Grand, réunissant ainsi sous son pouvoir l’Égypte et l’Anatolie, la Perse et la Chaldée, ne pouvait porter qu’un médiocre intérêt à la possession de la Syrie, où il avait nommé Ménès « Hyparque » de Syrie, Phénicie et Cilicie. Aussitôt qu’il fut mort le 10 Juin –323, à Babylone, et que l’empire fut démembré, la Syrie et la Palestine redevinrent des causes de disputes entre les nouveaux maîtres de l’Égypte et ceux de la Mésopotamie. Les premiers voulaient protéger l’isthme par la possession de la vallée du Jourdain et des monts de Galilée ; les seconds estimaient nécessaire d’acquérir un débouché sur la mer et jugeaient prudent de s’opposer aux progrès des Égyptiens vers le nord.

Au début, les grands chefs se contentèrent, sans diviser immédiatement l’empire, de s’adjuger l’administration de vastes gouvernements. La Syrie fut remise à Laomédon, tandis que l’Égypte revint à Ptolémée, qui fonda la dynastie des Lagides.

Il s’avéra par la suite que le jeu des ambitions ne pouvait se contenter d’un tel partage. Certaines régions de l’empire, comme l’Égypte, présentaient un caractère d’unité géographique et historique qui s’opposait à toute idée de partage. Il en était autrement de la Syrie, où le relief du sol créait une compartimentation qui incitait au morcellement. D’autre part, les rivalités politiques qui avaient dressé Damas contre la Samarie et Jérusalem contre Gaza étaient autant de souvenirs qui empêchaient l’unité. Ce pays ravagé par des siècles de lutte tirait sa valeur de sa position géographique, bordé à l’est par l’Euphrate, au sud par le Nil, à l’ouest par la mer. Tout tendait à faire de cette région un nouvel enjeu de convoitises et de luttes que la rivalité des diadoques (généraux successeurs d’Alexandre) rendait inévitables.

Une lutte armée opposa Ptolémée à Perdicas, maître de l’Asie. Une fois ce dernier mort, assassiné par Séleucos, Ptolémée s’empressa d’arracher la Syrie à Laomédon.

En –317, une lutte de plusieurs années reprit entre les États issus de l’empire d’Alexandre : la Macédoine, la Thrace (sud-est de l’Europe), l’Égypte et l’Asie. Séleucos, qui avait affermi son pouvoir sur les bassins de l’Euphrate et du Tigre, écrasa à Ipsus (–301) en Phrygie Antigone qui fut maître de la Syrie et fonda sur l’Oronte la ville d’Antigonia qui lui servit de capitale.

Séleucos étendit sa puissance à l’Indus et revendiqua la possession de la Syrie jusqu’à l’Idumée (sud de la Palestine). Il évita cependant de rompre avec Ptolémée qui la lui refusait et se contenta de joindre la vallée de l’Oronte à ses États. La Cœlé-Syrie fut l’enjeu d’intrigues longues et compliquées, avant que Ptolémée et Séleucos fassent la paix. Le premier obtint la Palestine et l’autorisation de s’emparer de Chypre ; le second acquit la Cilicie, la Phénicie, arrachée à Démétrios, ancien allié d’Antigone, et la Cœlé-Syrie.

En –280, Séleucos Nikatôr écrasait et tuait Lysimiaque, roi de Thrace et de Macédoine, à Courpédéon (Lydie). Du coup, l’héritier légitime d’Alexandre avait péri et l’idée de l’ « unité impériale » avait disparu. Les contrées qui avaient reconnu la suprématie du Macédonien étaient divisées. La majeure partie de l’Asie revenait à Séleucos. Dès lors, et pour deux siècles, l’histoire de la Syrie allait être intimement liée à celle des Séleucides.

La Grèce antique illumina le monde comme un soleil et l’influence de sa civilisation et de son humanisme existe toujours dans la culture du monde. Dans son fameux « Discours aux morts de la Cité », Périclès (495-429 av. J.-C.) disait :

« Notre constitution donne l’exemple à suivre. L’État, chez nous, est administré dans l’intérêt du plus grand nombre et non d’une minorité. De ce fait, notre région a pris le nom de démocratie.

Nous savons concilier le goût des études avec l’énergie, et le goût du beau avec la simplicité. Notre cité est l’école de la Grèce et du monde.

Même si toutes les choses sont vouées au déclin, puissiez-vous dire de nous, siècles futurs, que nous avons construit la cité la plus célèbre et la plus heureuse ».

Vingt-cinq siècles plus tard, ce discours est toujours vrai et devrait faire l’objet de réflexion.

Séleucos I Nikatôr laissait à sa mort, survenue en –281, un immense empire qui comprenait la presque totalité des conquêtes asiatiques d’Alexandre, auxquelles s’ajoutait la Macédoine. Dans ce cadre, la Syrie forma huit départements : quatre pour la Syrie séleucide, du Taurus à Hamath, quatre pour la Cœlé-Syrie, de la trouée de Homs à la frontière de la Palestine. L’empire comptait deux capitales : Séleucie sur le Tigre et Antioche sur l’Oronte, toutes deux fondées par le monarque.

Antiochos I Sôtèr succéda à son père à la tête de l’empire (281-261 av. J.-C.). Son règne fut marqué par l’abandon de toute politique européenne et l’ouverture d’une longue période de lutte contre l’Égypte pour la possession de la Syrie méridionale. Afin de réunir ses forces, il renonça à la Macédoine, car le roi lagide avait réoccupé la Cilicie et la Cœlé-Syrie. Trois guerres marquèrent cette époque en Syrie : la première guerre de Syrie (271-251) ; la deuxième menée par Antiochos, fils du précédent (258-250) ; la troisième guerre (246-240), ou guerre de Laodice (épouse d’Antiochos II), fut provoquée par une tragédie de famille : Ptolémée ayant offert sa fille Bérénice comme épouse à Antiochos II, Laodice sa femme, retirée à Éphèse, médita sa vengeance ; Antiochos fut empoisonné, Bérénice et son fils furent tués.

L’occasion était excellente pour intervenir. Ptolémée III, qui avait succédé à son père, avait à venger la mort de sa sœur Bérénice. Suite aux désordres causés par ces crimes, il envahit la Syrie et occupa Antioche sans coup férir. Il laissa le gouvernement de la Syrie à Antiochos Hiérax, frère cadet et rival de Séleucos II, héritier légitime de trône (tous deux issus du mariage d’Antiochos II et de Laodice), puis, satisfait, rentra en Égypte.

La paix ne fut pas assurée pour autant, car une guerre fratricide allait commencer entre les deux frères (225-226). Les deux frères mourront peu après, et Séleucos III, fils aîné du précédent, fut assassiné après trois ans de règne. La couronne échut au cadet du défunt, Antiochos III.

Depuis la mort de Séleucos Nikatôr, l’empire n’avait cessé de s’affaiblir. L’entêtement mis à vouloir arracher la Syrie méridionale aux Lagides avait été la cause principale de cet épuisement qui empêchait les souverains d’Antioche de maintenir leur pouvoir sur le reste de leurs états. En Asie mineure, ils avaient perdu la Cappadoce et la Phrygie. Quant aux provinces de l’Orient, elles s’étaient rendues indépendantes ou ne reconnaissaient à leur suzerain qu’une autorité nominale.

Antiochos III accéda au trône en –223. Après des débuts difficiles, la puissance des Séleucides allait atteindre son apogée. Il écrasa la coalition des Parthes, des Bactriens et des Arméniens. Suivant l’exemple d’Alexandre, il alla jusqu’à l’Indus et ne revint vers Babylone qu’après avoir vu les côtes du golfe persique (212-204). Son pouvoir rétabli sur l’Asie, il fit de nouveau face au Sud. Il écrasa les Égyptiens (199-198) et se rendit définitivement maître de la Syrie méridionale. La Cœlé-Syrie, la Palestine et la Phénicie seraient aux mains des Séleucides pour plus d’un siècle.

La puissance des « rois de Syrie », comme on appelle les Séleucides, fut alors à son apogée. Mais Séleucos et ses successeurs avaient œuvré pour le profit d’une dynastie et non pour celui d’un pays. C’est pourquoi les résultats obtenus avec tant de peine par Antiochos, à qui l’on décerna le titre de « Grand », furent de courte durée. Quand il mourut en –187, son autorité s’était affaiblie, ses états étaient réduits de près de la moitié. Rome avait déjà abattu le seul royaume qui faisait grande figure en Asie.

En effet, ce monarque ne s’était pas opposé de toutes ses forces à l’ingérence de Rome quand il en était encore temps ; il eut bientôt à en subir les conséquences.

Rome, non satisfaite d’avoir vaincu Carthage, voulait dominer toute la Méditerranée. Elle luttait en Macédoine contre Philippe V et se posait en arbitre entre les Lagides et les Séleucides. Continuant de s’immiscer dans les affaires de l’Asie Mineure, de la Syrie et de l’Égypte, misant sur les rivalités, l’égoïsme et les intérêts immédiats qui régissaient les relations entre les États d’Orient, la République préparait patiemment son expansion que rien n’arrivera plus à limiter.

Séleucos IV Philopatôr (187-175) succéda à son père. Sous son règne, la Syrie achevait de s’helléniser et un conflit se préparait entre les Juifs puritains (les Hassidims) et ceux qui se faisaient les adeptes des idées grecques. En effet, le parti hassidique, exclusivement adorateur de la Thora, hostile au rationalisme de la pensée grecque, se heurtait brutalement aux éléments jeunes et intelligents qui se tournaient vers les pensées nouvelles.

Sous l’empire des Séleucides, des peuples les plus divers s’étaient trouvés réunis sous une seule autorité. Toutefois, de même que les royautés orientales s’accommodaient de l’esprit grec, l’hellénisme faisait des concessions aux coutumes du pays. Ce compromis entre deux mondes, deux mentalités parfois opposées, permit à ces peuples de Syrie et d’Arménie, de Cappadoce et de Chaldée, d’accepter les idées et les mœurs venues d’Attique, permettant aux Séleucides de tenter de réaliser l’unité de leurs états par l’hellénisation.

La Syrie était préparée à une évolution dans ce sens. Les Phéniciens, peuple maritime, avaient toujours été en communication avec la Grèce. Avec le temps, l’animosité et la rivalité des marins phéniciens et grecs avaient fait place à la bonne entente. Les influences de l’Attique avaient dès lors dépassées les villes de la côte et avaient gagné les populations de l’intérieur.

Alexandre, puis les Séleucides, multiplièrent les cités grecques en Syrie : Alexandre commença cette colonisation par la fondation d’Alexandrie d’Issus (Alexandrette). Antigone suivit son exemple et créa Antigonia sur l’Oronte. Mais ce fut les premiers Séleucides qui développèrent ce mouvement.

Séleucos Nikatôr fonda Antioche en –300 sur la rive gauche de l’Oronte, au pied du Mont Silpius. Les habitants d’Antigonia, abandonnant leur ville, prirent possession d’Antioche. Ensuite, les colons, très nombreux, vinrent de Crète et de Macédoine, les Grecs et les Juifs y furent bientôt nombreux. Cent ans plus tard, elle était devenue l’une des grandes villes de l’Orient et la première pour le luxe, l’art et le plaisir. Dorénavant, la suprématie artistique échappe à Athènes qui l’avait obtenu au cours du Vème siècle. C’est maintenant à Pergame, à Antioche, à Alexandrie, à Rhodes, que l’art trouve ses formes originales et que se constituent les écoles.

L’art Grec du Vème siècle avait été grave et religieux. À partir du IIIème siècle, les modèles qui sortaient des ateliers d’Antioche furent en accord avec la société élégante et voluptueuse à laquelle ils s’adressaient. La recherche du gracieux et du joli remplaça la forme virile et la beauté simple. La souffrance et le plaisir devinrent les motifs préférés. Ce que l’artiste voulut représenter, ce furent les sentiments de ses contemporains.

Ville de plaisir et ville d’art, Antioche devint l’un des centres d’où rayonna l’art hellénistique. La ville ne devait pas cesser d’embellir. L’architecte Xénœus en avait tracé les plans. Les Séleucides élevèrent des temples et jetèrent des ponts sur l’Oronte.

Antiochos Épiphane fit construire un palais au Sénat et un temple à Zeus Capitolin. Par la suite, les romains ne devaient cesser d’édifier théâtres, bains, aqueducs et basiliques pour faire de la capitale de la Syrie la plus belle ville d’Asie.

Apamée, fondée elle aussi par Séleucos I, se dressait sur un éperon qui domine la vallée de l’Oronte. C’était le centre militaire de l’empire ; les troupes s’y rassemblaient et y recevaient instruction et armement. S’y trouvaient aussi les réserves de guerre, les arsenaux, les haras royaux, les machines de guerre, ainsi que les éléphants des Indes, dont la force d’écrasement constitua longtemps la supériorité des armées séleucides contre les troupes lagides qui n’avaient que des éléphants de petite taille, originaires d’Afrique.

Cette ville s’étendait sur plus de vingt stades (unité de longueur de 600 pieds ; 1 pied = 0.32 m). Les monuments publics, temples et palais étaient nombreux. Elle fut non seulement une place forte, mais une cité belle et florissante.

Le premier Séleucide avait également fondé deux villes sur la côte : Séleucie et Laodicée (Lattaquié). Strabon (géographe grec, 58 av. J.-C. – 22 apr. J.-C.) écrivait de Laodicée : « une ville magnifiquement bâtie et qui a l’avantage de posséder un excellent port et un territoire d’une extrême fertilité ». Les vignobles couvraient les hauteurs avoisinantes et les vendanges furent si abondantes qu’elles fournissaient en vin la population d’Alexandrie.

Quoique Laodicée existait déjà avant Séleucos I sous le nom de Ramantha, elle n’eut de splendeur que depuis la conquête grecque (Renan).

En Phénicie, sous l’occupation perse, les formes artistiques étaient influencées par l’Égypte et par l’Orient, imitées de la Susiane et de la Babylonie. Plus tard, l’influence grecque prédomina, la langue phénicienne recula devant le grec et l’art funéraire laissa des sarcophages qui sont de remarquables spécimens de l’art grec, notamment celui dit « du Satrape », et un second, plus récent, celui dit « d’Alexandre » qui aurait été sculpté vers –325.

L’esprit grec devenait partout prépondérant. Cependant, l’hellénisme avait peu pénétré dans les montagnes de Judée. Mais à partir du IIIème siècle, le développement d’Antioche répandit les idées grecques, qui s’infiltraient peu à peu autour de Jérusalem. Les anciennes cités changeaient de nom : Jaffa devenait Joppé, Akko s’appelait Ptolémaïs, Dan se nommait Panéas. Les colonies grecques se multipliaient autour de la Palestine. L’hellénisme dominait non seulement à l’ouest en Phénicie, mais aussi à l’est à Damas, à Philadelphie (Amman).

La mort de Démétrios II (–129) ouvre une période d’anarchie qui ne prendra fin qu’avec la conquête romaine (–64). Ce ne sont que prétendants au trône, dont les troupes ne cessent de dévaster les pays qu’elles traversent. Les haines et les ambitions se donnent libre cours, les passions ne trouvent aucun frein. Quiconque croit pouvoir régner risque sa chance. Sous de tels rois, le pays cesse d’être gouverné et se désagrège. Vers –100, il ne restait du royaume de Syrie que des lambeaux où régnait l’anarchie.

Entre –96 et –84, six rois se succédèrent, qui régnèrent concurremment les uns avec les autres. En –83, la Syrie, en quête d’un maître, fait appel à Tigrane, roi d’Arménie, qui régnait aussi en Cappadoce et en Cilicie.

Quatorze ans plus tard, deux rois, Antiochos XIII et Philippe II, allaient s’efforcer de régner. En fait, l’année –83 marque la fin des Séleucides.

L’histoire de cet empire qui, au temps de son fondateur, couvrait une large partie de l’Asie, se résume en une longue décadence. Il prit fin en –64, et le royaume de Syrie allait devenir une province romaine.

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