Previous Page                  next page 

Mille ans d’histoire

Histoire de la Syrie (Bilād al-Chām)
de la conquête grecque à la conquête arabo-musulmane

(333 av. J.-C. – 635 apr. J.-C.)

Samir Anhoury

 

Chapitre IV

Syrie - province Byzantine (Ve-VIe s.)

La Syrie avait toujours été une terre de prédilection pour les religions. Le Christianisme y avait pris naissance et ne devait pas y ralentir la passion pour les questions théologiques. Mais il serait faux de voir de simples démêlés dogmatiques dans les luttes religieuses de cette époque. Le plus souvent, elles servirent de couverture à l'opposition politique.

L'empereur finit par réunir dans sa personne la majesté de Rome et l'absolutisme des royautés orientales. Les peuples soumis trouvèrent rarement la possibilité de lutter ouvertement contre ses volontés. Mais s'ils ne pouvaient s'élever contre le gouvernement au nom d'intérêts matériels, ils agissaient au nom d'intérêts spirituels. On ne lutta pas pour revendiquer des libertés politiques mais pour défendre la foi.

La vie des âmes était en jeu. Cette cause était capable d'exalter la population et de pousser des individus jusqu'au martyre. Elle était aussi une arme politique idéale qui permettait de s'opposer à tout gouvernement qui prétendait imposer son credo. L'opposition du particularisme sous le couvert de la lutte religieuse, telle fut la caractéristique de l'histoire de Syrie au Ve et VIe siècles.

Depuis Dioclétien la Syrie appartenait au diocèse d'Orient et formait neuf provinces, dans l'ordre suivant :

1)  Au nord l'Osroène occupait la boucle de l'Euphrate. Edesse en était le chef-lieu.

2)  l'Euphratésie s'étendait en forme de croissant sur la rive droite du fleuve, les premiers contreforts des chaînes d'Asie Mineure s'y dressaient.

3)  Au centre, la vallée inférieure de l'Oronte traversait la Syrie première, dont Antioche était la capitale.

4)  La Syrie seconde faisait suite à la précédente au sud-est, Apamée en était la ville principale.

5)  On avait conservé le nom de Phénicie au littoral et à la montagne.

6)  On dénommait curieusement Phénicie libanaise l'arrière-pays qui englobait les villes de l'intérieur, Emèse, Héliopolis, Damas et s'étendait à travers le désert jusqu'à Palmyre.

7)  Au sud, la Palestine première occupait le territoire compris entre le Jourdain et la Méditerranée.

8)  La Palestine salutaire sur la rive gauche du fleuve n'était limitée que par le désert d'Arabie.

9)  La province d'Arabie s'étendait de la mer Morte à la mer Rouge. Limitrophe de l'Augus tamanique (région de l'isthme) à l'Ouest, elle bordait au sud le Golf arabique sur près de cent lieues.

Un consulaire ou un président était à la tête de chaque province ou "éparchie". L'Arabie faisait exception à cette règle : elle était commandée par un duc qui résidait à Pétra.

Les lois et l'administration restèrent les mêmes qu'au temps ou Rome commandait l'Empire. Pourtant la période d'anarchie qui avait marqué le
III
e siècle avait engendré par réaction un despotisme qui ne pouvait que croître. Le Basileus (en Grec : Roi) était un autocrate. Les derniers maîtres de l'Empire romain avaient renoncé jusqu'aux apparences des institutions républicaines. Ils avaient copié de plus en plus le style des monarques asiatiques. La politique byzantine ne pouvait qu'évoluer dans cette voie au moment ou l'Occident lui échappait.

Conformément aux traditions qui venaient d'Asie, les souverains acquièrent un caractère religieux que l'onction sainte authentifia. A Rome jadis, le culte d'Auguste se confondait avec celui de la patrie et cette religion officielle se montrait nécessaire pour assurer la cohésion des provinces. A Byzance, dès le Ve siècle, la personne de l'empereur elle-même prit un caractère sacré. Le basileus profita de cet aspect de ses fonctions pour se poser en chef de l'Eglise.  "l'empereur est à la fois impérator latin, autocrate oriental, basileus, héllène, et isapostolos de l'Eglise. Il détient une puissance infaillible au spirituel comme au temporel. Le protocole exige même l'acte d'adoration". Diehl : "Byzance, grandeur et décadence, Livre II, ch. I".

Ainsi l'empire était non seulement à la merci d'un souverain héréditaire et absolu, mais d'un maître qui tendait vers le césaro-papisme. (Constantin avait déjà participé aux discussions dogmatiques). Un tel pouvoir donnait à l'empereur une entière liberté d'action pour défendre ses frontières, mais allait conduire à l'absolutisme et l'oppression des populations soumises aux exactions fiscales. Les prétentions religieuses du souverain allaient en faire un docteur et l'inciter à imposer par la force des articles de la foi.

Ces abus de pouvoir étaient peu à craindre dans les monarchies orientales en raison du relâchement de leur administration. C'était tout le contraire dans l'empire Byzantin qui avait hérité de la forte organisation que Rome avait créée.

Le règne de Théodose II, empereur d'Orient (408-450), fils d'Arcadius et petit-fils de Théodose 1er, souverain nominal dont l'autorité appartint à sa sœur Pulchérie [1] ne fut pas calme. En Asie, Isauriens, sarrazins et Perses dévastaient le pays. En Europe Attila menaçait l'empire. Cependant la vitalité de la Syrie ne cessait de s'affirmer. l'Industrie de la soie prenait un remarquable essor à Tyr et à Béryte. Les négociants s'en allaient eux-mêmes par le monde vendre leurs marchandises et créer des comptoirs en Occident. Grégoire de Tours, Historien et évêque de Tours (v. 538-594), écrivait que les Syriens formaient à Bordeaux une véritable colonie et qu'il en était de même à Orléans.

La Syrie se faisait surtout remarquer par son développement intellectuel et artistique. L'emploi du grec et du latin n'avait pas fait disparaître le Syriaque : c'était la langue nationale que parlait le peuple, la langue des humbles. Il exprimait la voix du cœur, servait à la vie courante et chantait les louanges et la gloire de Dieu. Quant aux œuvres littéraires ou didactiques [2], elles ne pouvaient qu'intéresser l'élite intellectuelle des villes, tout imprégnée de culture hellénistique.

Béryte (Beyrouth), était le centre de cette activité. La renommée de son université ne connaissait pas de rivale, toutes les parties du monde ancien y envoyaient des étudiants pour apprendre le Droit.

Les architectes syriens, sans délaisser les procédés de l'époque romaine, s'assimilaient ceux de la Perse. Ils utilisèrent le système des voûtains (quartier ou portion de voûte) sur arcades. Ce mode de construction était des plus pratiques pour construire des salles allongées ou des galeries. Pour couvrir une pièce de plan carré, ils firent usage de la coupole. N'osant employer le pendentif pour passer du carré à la circonférence, ils eurent recours à un système d'encorbellement tel qu'on le trouvait encore à Lataquieh au début du XXe siècle.

Tout en conservant l'emploi des mosaïques et des marqueteries de marbre, les monuments syriens demandèrent à l'architecture même l'essentiel de leur décoration. Des rubans s'allongèrent le long des murs, encadrant portes et fenêtres. La division du pilier en pilastres fut à elle seule d'un excellent effet. Les proportions et le galbe des moulures faisaient contraste avec les profils usités à Byzance : Autant ceux de sainte Sophie étaient simples, autant ceux de Jérusalem faisaient preuve d'une savante complexité.

L'architecture servit surtout la religion. Tantôt l'église reçut le plan de la basilique romaine comme à Betléem, tantôt elle avait la forme d'une vaste salle octogonale dont l'autel occupait le centre, c'était le cas de celle d'Antioche. Quelle que fût l'habileté des artistes, ils n'arrivaient pas toujours à résoudre le problème des voûtes. "Les constructeurs du Hauran tiraient un merveilleux profit des dalles de basalte et, dans le nord, ils combinaient les charpentes et les arceaux de pierre. Parfois la difficulté les arrêtait et ils laissaient les croisées des nefs à ciel ouvert. (Choisy : T. II, Architecture des peuples chrétiens de l'Orient)

"A la même époque les principaux motifs de l'Art chrétien prenait naissance en Syrie". (E. Mâle : L'art religieux des XIIe siècles en France.
Ch. II).

Le christianisme trouva une double expression d'art aux Ve et VIe siècles. Tandis que les villes grecques créaient des œuvres tout empreintes d'influence hellénistique, "un caractère de grandeur et un accent de vérité" dominaient les œuvres exécutées à Jérusalem, en Syrie et en Mésopotamie.

A Ephèse et à Antioche, les artistes conservèrent au Christ la grâce et le charme qu'ils avaient donné aux Appollons et aux Hermès. En Palestine l'idéalisme céda devant le réalisme. Le Christ n'était plus un bel adolescent, mais un homme mûr de 30 ans. Cette conception, qui affirmait l'humanité du Verbe, allait s'imposer à toute la chrétienté. Cette figure aux traits nobles et fins, encadrée d'une abondante chevelure et d'une barbe noire, fait penser à ces belles têtes de nomades syriens. Il ne s'agit plus d'une œuvre élégante, mais de l'expression d'un article de foi. L'artiste veut donner une impression de force et de majesté, il veut proclamer la grandeur de l'incarnation et de la rédemption.

Réaliste, il n'hésite pas à représenter la croix que personne n'avait osé figurer avant le IVe siècle. Cette audace fût peut-être l'une des plus importantes de l'histoire de l'art si l'on pense aux merveilles que devait inspirer ce sujet. Dans les débuts cependant, on la représenta richement décorée, et sa forme seule rappelait l'instrument de supplice. Par la suite, on délaissa cette figuration toute conventionnelle pour se rapprocher de la réalité. Bientôt même l'artiste plaça les deux larrons aux côtés du Christ. Mais l'horreur que l'Orient à toujours manifestée pour la nudité restait vivace et le Crucifié  y était vêtu d'une longue tunique. Il s'y révélait enfin un goût de la symétrie qui pendant des siècles allait se transmettre de génération en génération : La vierge faisant pendant à st. Jean, le porte-lance au porte-éponge.

Si le Christ tenait une grande place dans l'iconographie chrétienne, la part faite à sa mère était plus grande encore. Le type de la Vierge aux longs voiles, semblables à ceux que portent encore les paysannes en Syrie, apparut en Palestine. L'Artiste fit de la "servante du seigneur" une souveraine dont la majesté rappelait le rôle incomparable qu'elle avait rempli près de l'humanité. Cette conception portait en germe toutes les vierges triomphantes que des générations d'artistes allaient peindre et sculpter.

L'Art religieux de l'Occident eut donc la Syrie pour berceau. Lestraditions de Jérusalem s'unirent à celles des cités grecques, mais les dominèrent presque toujours. Ces mêmes scènes allaient passer les mers et nous les retrouvons encore aujourd'hui aux portails et aux vitraux des vieilles cathédrales d'Europe.

Des cataclysmes ruinèrent en partie cette prospérité. Les tremblements de terre furent fréquents. Antioche en subit les effets en 447, 458, 494, 525, 528. Souvent des incendies achevaient les quartiers de la ville que la secousse avait épargnés. Les monuments qui faisaient la grandeur d'Apamée s'abattirent sur le sol et les temples d'Héliopolis s'écroulèrent en partie. Béryte fut détruite en 555. (Une école de droit s'ouvrit alors à Sidon, celle de Béryte ne devait se relever qu'au XIXe siècle). Antioche se relevait de ses ruines, mais les empereurs ne faisaient rien pour les autres citées détruites.

Cette absence de sollicitude de la part du pouvoir central ne devait pas encourager le loyalisme des populations que tout portrait à haïr les Grecs. Le réveil du particularisme provoqua une réaction contre Byzance qui, pour être dissimulée, n'en fût pas moins profonde. Incapable de lutter dans le domaine politique, le particularisme syrien profita des querelles religieuses pour manifester son opposition au gouvernement.

On ne pouvait admettre à cette époque deux façons d'adorer Dieu dans un même Etat. Quiconque refusait de suivre le culte officiel était non seulement voué aux peines éternelles, mais tenu pour rebelle à l'empereur. Réclamer le droit d'interpréter à sa guise un point du dogme était donc une forme déguisée de l'opposition au gouvernement. De là, l'importance des querelles théologiques qui soulevèrent les populations incapables de comprendre les subtilités dogmatiques qu'elles défendaient (ici il ne s'agit de mentionner que les hérésies directement liées à la vie politique en Syrie)

Sous le règne de théodose II le Calligraphe, (Code Théodosien) le concile de Chalcédoine condamna Eutychès [3] pour hérésie (451). Immédiatement le monophysisme se répandit en Orient. Cette doctrine se propagea rapidement dans les grands centres. Elle se concilia les masses populaires et plaça ses partisans sur les trônes épiscopaux. Les aspirations particularistes plus que l'attrait théologique de la nouvelle hérésie rendent compte de cette scission qui arracha la Syrie à l'orthodoxie romaine.

L'Archimandrite Eutychès (v. 378-v. 454) vivait dans son couvent au milieu de ses moines dans la banlieue de Constantinople. (L'influence des moines sur le peuple était grande. Leur nombre était considérable dès la fin du IVe siècle.) Eutychès jouissait d'un grand renom de sainteté dans le peuple. Il reprit les idées défendues par Cyrille d'Alexandrie à Ephèse (431) sur les natures du Christ et les poussa à l'extrême. Le monophysisme sortit de ses pensées et de ses méditations. Il n'admettait dans la personne du Christ qu'une nature au lieu de deux. L'élément humain (l'apparence), se trouvait selon lui, pénétré et dominé par l'élément divin.

"Aucune autorité conciliaire n'avait encore imposé la formule diphysite comme une condition d'orthodoxie", (Duchesne T. III ch. XI).

Néanmoins Eusèbe de Dorylée accusa d'hérésie le saint homme. Le commissaire impérial délégué par Théodose II au concile conclut dans le sens de la tradition romaine : "Quiconque repousse la formule des deux natures n'est pas orthodoxe". Convaincu d'hérésie, Eutychès fut condamné.

Cette doctrine n'apportait aucun germe de rénovation morale et ne donnait cours à aucune forme de mysticisme. C'était une dispute entre théologiens, rien de plus. Ce caractère purement intellectuel eut suffi en Occident à empêcher la diffusion de l'hérésie. On ne s'y souciait pas de discuter sur la consubtantialité [4] et l'identité. Il n'en était pas de même en Orient. Les questions religieuses avaient toujours passionné ces populations. Il y eut chez elles une joie d'amour-propre et d'orgueil de penser différemment du reste de la chrétienté et à professer un dogme autre que celui des grecs détestés : elles se firent monophysites.

Le peuple et le bas clergé n'avaient pas l'instruction nécessaire pour goûter ces subtilités que défendait une savante didactique, ils suivaient simplement l'exemple de leurs chefs. L'épiscopat et l'élite laïque trouvaient là l'occasion de manifester leur indépendance et leur volonté séparatiste à l'égard de Byzance : Ils en profitèrent.

La cause religieuse ne fit qu'un avec la cause politique. Le pouvoir central comprit la gravité du péril. Ce fut donc l'empereur avec des moyens temporels, non le pape avec des sanctions spirituelles, qui lutta contre les hérétiques.

Du milieu du Ve siècle à la conquête arabe, la lutte se poursuivit entre les Syriens et l'autocratie byzantine. C'était en vain que le pouvoir impérial voulait obtenir l'unité de croyance pour assurer celle de l'Etat. Les vexations s'aggravaient et les invasions perses ravageaient la Syrie. Les populations avaient la conviction que si Byzance savait encourager les exactions et les injustices de ses fonctionnaires, elle était incapable de gouverner pour le bien du pays.

L'opposition religieuse, particulièrement en Syrie, devenait un danger réel pour l'Etat. Les empereurs essayèrent de trouver des remèdes au mal. Les uns usèrent de violence contre les hérétiques, les autres leur témoignèrent une sympathie qui provoqua les foudres de la papauté. Quelques-uns inventèrent même des formules théologiques ambiguës destinées à servir de terrain d'entente entre Rome et les hérésiaques.

Dés le début, le prestige des moines sur le peuple avait contribué au développement du monophysisme, et provoqué les premiers désordres publiques. Les conciles s'étaient succédés sans apporter la solution du problème. A Ephèse (449) la discussion avait dégénéré en coups de bâtons. A Chalcédoine (451) la doctrine romaine avait triomphé, aggravant la situation politique de l'empire.

Basilique, qui s'était emparé du pouvoir en 476, et le conserva pendant deux ans, s'appuya sur les monophysites, et ordonna de brûler les décrets du concile de chalcédoine.

Zénon, empereur romain d'Orient (de 474 à 491), essaya des mesures de conciliation. Il publia son Edit d'union avec les monophysites "l'Hénoticon" (482). Il énonçait les points communs aux diverses doctrines mais gardait le silence sur les divergences relatives aux natures du christ. Cet Edit ne satisfaisait aucun parti. Il provoqua avec Rome un schisme qui dure jusqu'à Justinien.

Anastase 1er succéda à Zénon (491-518). Il reprit la politique de Basilique en faveur des hérétiques, et exila les évêques fidèles aux décisions du concile de Chalcédoine.

Le règne de Justin (518-527), puis l'avènement de Justinien (527-565) parurent devoir porter un coup mortel à l'hérésie. La papauté triomphait. Les évêques exilés furent rappelés et les prélats monophysites destitués. Les hérétiques furent exclus des charges publiques.

Toutefois l'impératrice Théodora (527-548) épouse de Justinien, en politique avisée, allait sauver cette cause perdue. Elle avait compris l'intérêt de l'empire à rallier les peuples d'Orient en favorisant le monophysisme. Contrairement à son époux qui avait décidé la restauration de l'empire de l'Euphrate à l'Atlantique et du Danube au Sahara, et de réaliser l'unité religieuse de ses états en union avec le Pape, Théodora se souciait peu de Rome et voulait consacrer les forces de l'empire à la défense des provinces d'Asie, tout en cherchant à ramener la paix en Syrie.

Le Basileus réagissait violemment contre cette tendance qui transformait de plus en plus l'empire romain en état Oriental, tandis que Théodora incarnait cette évolution. La loi excluait les hérétiques de la magistrature et de l'armée, elle allait jusqu'à refuser leur témoignage en justice.

Ces mesures avaient irrité les populations au point que la grande Arménie s'était livrée aux Perses. L'Empire s'épuisait à lutter en Occident : guerre en Afrique du Nord (533-34), guerre contre les Ostrogoths (535), luttes en Italie (537-40), invasion des Huns (540), tandis que Chosroès menaçait les frontières d'Orient. En 540, il envahit la Syrie, pilla Antioche et incendia Alep. Chalcis (en Grèce) fut détruite et ne se releva pas de ses cendres. L'année suivante l'armée perse ravagea la région au sud de la Mer morte, puis elle marcha vers le nord jusqu'aux rives de l'Euphrate en 542. Byzance dût payer tribut pour obtenir la paix. C'eut été une catastrophe irréparable pour l'empire si les Syriens, obéissant à leur haine pour les Grecs, c'étaient donnés aux Perses.

Il fallait donc agir de toute nécessité. Puisque l'opposition avait choisi le terrain religieux pour lutter, c'était sur ce même terrain que devaient se faire les concessions. En 543, Théodora obtint de l'empereur le relèvement de l'Eglise monophysiste en Syrie.

Jacques Baradé (ou Baradaï) fût l'apôtre de cette restauration. Originaire du nord de la Syrie, il vivait à Constantinople. Elu évêque d'Edesse, il se rendit dans sa province natale et commença son œuvre. Les monophisistes de Syrie avaient beaucoup souffert, et de nombreuses communautés étaient privées des sacrements depuis 10 ans faute de moines. Jacques s'attela au renouveau de l'Eglise Syrienne et se hâta de consacrer des clercs. Ce fût l'origine de l'Eglise Jacobite.

Le conflit religieux, un instant apaisé par cette politique d'apaisement ne tarda pas à reprendre, les tendances séparatistes s'exaspérèrent en Syrie. Cependant l'apathie de la population pour tout ce qui ne touchait pas directement à ses intérêts matériels retardait la scission. Elle subissait Byzance, mais s'enrichissait par le commerce, ce qui rendait la vie supportable. Toutefois le désastre des invasions perses s'ajouta cette fois à la crise intérieure. Les Perses s'emparèrent de la Syrie sous Héraclius (empereur Byzantin 610-641). Ils occupèrent Edesse, Apamée, Antioche et ils ne s'arrêtèrent qu'à la Méditerranée (612). Damas et Jérusalem tombèrent en leurs mains, et le Grand Roi retourna a Ctésiphon en Assyrie (S.E. de Bagdad), emportant les reliques de Terre sainte comme trophées de victoires.

Le Patriarche Sergius poussa l'empereur à l'action. Heracluis lutta avec énergie et reporta la guerre en Perse. La Sainte Croix enlevée de Jérusalem en 614 y fut solennellement rapportée en 629. Le Basileus voulut parfaire son œuvre en réorganisant l'administration, en faisant du Grec la langue officielle de l'empire, et en rétablissant l'unité religieuse.

Séduit par la tentative de Zénon, il cherche la formule théologique capable de satisfaire tous ses sujets. Pour se concilier les Orthodoxes, il déclara qu'il y avait deux natures dans la personne du Christ, mais pour contenter les monophysites, il affirma que ces deux natures agissaient sous l'action d'une seule et même volonté divine. Cette doctrine se nomma le Monothélisme. Elle fut honnie par les partisans de Rome, et condamnée en 681 par le troisième concile de Constantinople, comme par les disciples d'Eutychès.

Un édit, l'Ekthésis, en fit la religion d'Etat : le problème loin de trouver une solution n'avait fait que s'envénimer.

La domination byzantine tendait à sa fin. Par haine des Grecs, les Syriens allaient accueillir quelques années plus tard avec sympathie les Arabes, qui se lançaient à la conquête du monde.

*** *** ***


 

horizontal rule

[1]. (Sainte) Impératrice d'Orient, née à Constantinople (399-453) fille d'Arcadius, elle épousa Marcien, avec qui elle régna.

[2]. Qui a rapport à l'enseignement.

[3]. Sa doctrine le Monophysisme, fut condamnée pour hérésie. Actuellement reconnue par trois églises indépendantes : 1- Arménienne, 2- Jacobite de Syrie, 3- Copte d'Egypte et d'Ethiopie.

[4]. Théol. : Unité et identité de substance, comme les trois personnes de la Trinité. (L'arianisme niait cette unité et par conséquent la divinité du Christ. La doctrine d'Arius fut condamnée par le concile de Nicée en 325).

 

 ÇáÕÝÍÉ ÇáÃæáì

Front Page

 ÇÝÊÊÇÍíÉ

                              

ãäÞæáÇÊ ÑæÍíøÉ

Spiritual Traditions

 ÃÓØæÑÉ

Mythology

 Þíã ÎÇáÏÉ

Perennial Ethics

 ÅÖÇÁÇÊ

Spotlights

 ÅÈÓÊãæáæÌíÇ

Epistemology

 ØÈÇÈÉ ÈÏíáÉ

Alternative Medicine

 ÅíßæáæÌíÇ ÚãíÞÉ

Deep Ecology

Úáã äÝÓ ÇáÃÚãÇÞ

Depth Psychology

ÇááÇÚäÝ æÇáãÞÇæãÉ

Nonviolence & Resistance

 ÃÏÈ

Literature

 ßÊÈ æÞÑÇÁÇÊ

Books & Readings

 Ýäø

Art

 ãÑÕÏ

On the Lookout

The Sycamore Center

ááÇÊÕÇá ÈäÇ 

ÇáåÇÊÝ: 3312257 - 11 - 963

ÇáÚäæÇä: Õ. È.: 5866 - ÏãÔÞ/ ÓæÑíÉ

maaber@scs-net.org  :ÇáÈÑíÏ ÇáÅáßÊÑæäí

  ÓÇÚÏ Ýí ÇáÊäÖíÏ: áãì       ÇáÃÎÑÓ¡ áæÓí ÎíÑ Èß¡ äÈíá ÓáÇãÉ¡ åÝÇá       íæÓÝ æÏíãÉ ÚÈøæÏ